The incredibly strange creatures who stopped living and became crazy mixed-up zombies
Genre : film à titre long et explicite mais néanmoins mensonger
Fiche technique
- 1963
- Réalisation : Ray Dennis Steckler
Revue : Michel Pagel
Quel titre, hein ? Un bon candidat pour le record, juste devant "Can Heyrominous Merkins even forget Mercy Humppe and find true happiness ?" que j'aimerais beaucoup voir un jour. Malheureusement, le film n'est pas à la hauteur. Mais alors pas du tout.
Allez, l'histoire, en deux mots : Madame Estrella, diseuse de bonne aventure gitane pratiquant son art au sein d'une fête foraire, a la bizarre manie de défigurer des hommes à l'acide (souvent ses anciens amants), avant de les enfermer dans une espèce de réduit où ils deviennent, on les comprend, rapidement cintrés. Par ailleurs, dans un cabaret local, la danseuse vedette, Marge, a de gros problèmes d'alcoolisme qui risquent de lui faire perdre son travail. Lorsqu'elle va consulter la voyante, cette dernière lui tire les cartes (curieusement rondes : on dirait des sous-bocks) et lui annonce qu'il va lui arriver quelque chose de terrible. Peu après, une jeune fille très comme il faut, Angela, et son voyou de petit ami, Jerry, viennent à leur tour consulter la voyante. Cette dernière annonce à Angela qu'elle sera très heureuse et, d'un air mystérieux, déclare qu'il lui est impossible de dire la bonne aventure à Jerry. Pas plus tôt sorti de la tente, ledit Jerry tombe en arrêt devant une autre attraction : le spectacle de danse sexy, dont la vedette est une nommée Carmelita. Fasciné, il s'engueule avec Angela, avant d'aller voir le numéro. (Mais d'abord, on nous en inflige deux autres, un ballet et une chanson sirupeuse). Carmelita arrive ensuite. Elle danse comme moi, sincèrement, et c'est une catastrophe, surtout quand on exerce une profession de ce type. Cela dit, on s'en fout, parce qu'elle est plutôt mignonne et que son boulot, c'est de faire un strip tease — dont elle s'acquitte dans les limites très strictes de la pudeur de l'époque. (En fait de nudité, nous n'aurons droit durant tout le film qu'à celle de plusieurs paires de jambes et de la chute de reins de la nommée Carmelita.)
Convoqué par la belle effeuilleuse dans sa loge, Jerry tombe dans le piège qu'elle lui tend (faut dire que Cash Flagg, qui joue le rôle, a la plus belle tête d'abruti que j'aie vue sur un écran depuis celle de Steve Hawkes dans "Blood Freak". Et en plus, Cash Flagg, c'est un pseudo du metteur en scène. On ne se demande plus comment il a eu le rôle.) : madame Estrella l'hypnotise à l'aide d'une espèce de spirale tournante et fait de lui son esclave. Immédiatement, il se rue au cabaret voisin et poignarde sauvagement la pauvre Marge, ainsi que son partenaire. Il est méconnaissable : il a coiffé le capuchon de son sweat-shirt, et ainsi, on ne voit plus ses cheveux. Comment voulez-vous qu'on le reconnaisse ? D'ailleurs, il réussit à s'enfuir sans problème. Ouf, il vient enfin de se passer quelque chose, après trois quarts d'heure de film.
S'ensuit une scène de quelques minutes, ma foi très réussie : le délire de Jerry, rentré chez lui, et cauchemardant comme une bête. A l'aide de surimpressions et d'une musique un brin cacophonique, le réalisateur parvient à donner un sentiment d'étrangeté et d'oppression qui n'est pas sans annoncer les meilleurs moments de "Sinthia, the Devil's Doll", du même Steckler. On dirait un peu du Ken Russel fauché.
Hélas, ça ne dure pas. Ensuite, on a droit à un autre numéro de cabaret. Ensuite, Jerry va voir Angela pour s'excuser. Comme elle le snobe en lui faisant tourner son ombrelle devant les yeux, ça lui refait le même effet que la spirale tournante, et paf ! Il tente d'étrangler sa copine. Il en est empêché de justesse par le frère de ladite, Madison, un insupportable archétype de premier de la classe sorti des beaux quartiers, et s'enfuit à nouveau. Ensuite, on a encore un numéro de cabaret (du twist, ce coup-ci). Ensuite, comme il est vraiment très con, Jerry retourne voir Carmelita, et réussit à se refaire hypnotiser. Madame Estrella en profite pour l'envoyer buter Stella (quelle imagination dans les prénoms !), une autre des foraines, qui soupçonne la voyante d'avoir fait tuer la danseuse. Quand il revient, son forfait accompli, elle lui annonce qu'il en sait trop et qu'elle soit se débarrasser de lui. Du coup, elle le défigure à l'acide et tente de l'enfermer avec ses autres victimes, lesquelles s'échappent soudain, folles de rage, et tuent Estrella et Carmelita avant de semer la terreur dans toute la fête foraine. Deux flics qui passaient par là arriveront opportunément pour les abattre, y compris un Jerry qui ne trouvera rien de plus intelligent que de s'enfuir sur la grève en sautant de rocher en rocher. Je n'ai pas besoin de vous dire qu'il sera abattu alors qu'il se dressera sur le plus haut desdits rochers et qu'il effectuera une chute spectaculaire (tournée en caméra subjective, en une tentative louable pour éviter le ridicule du mannequin). Tout le monde se lamente sur son cadavre. Fin du film.
Bon, disons-le, c'est avant tout chiantissime. A l'exception de la fameuse scène de délire, tout se déroule à une vitesse proche de celle d'un ver de terre au petit trot. A défaut d'être inventive, la mise-en-scène de Steckler est au moins cohérente, mais il s'acharne à filmer des choses qui n'ont pas le moindre intérêt. (Tout le début, où Jerry et Angela se balladent dans la fête foraire en essayant tous les manèges, est particulièrement pénible). La plupart des plans sont trop longs de quelques secondes, si bien que le rythme est inexistant. Ajoutez à ça que les numéros de cabaret occupent facilement un quart du métrage et qu'ils sont à pleurer, à l'exception d'un ou deux.
Ensuite, notez la malhonnêteté : pas une seule "incredibly strange creature", si on excepte les bonshommes défigurése. Encore moins de "mixed-up zombies", si on excepte les mêmes. Et s'ils sont certes un peu "crazy", ils ne "stoppent living" que pour rester morts quand les flics les abattent. Mais d'accord, chipotons pas : quand on a l'idée d'un titre pareil, on ne résiste pas à l'envie de l'employer pour le premier film venu, même s'il parle de tout à fait autre chose, c'est évident.
Tout de même, c'est pas pour réclamer ni pour être pointilleux, mais moi, j'aurais bien aimé savoir pourquoi Madame Estrella en voulait à Marge (qu'a priori elle ne connaissait pas) au point de la faire poignarder. Or, à aucun moment, la chose n'est mentionnée.
Bon, les filles sont jolies, quoique décemment vêtues (j'ai pas de pot, en ce moment, faut croire), la photographie est correcte, la scène du milieu vaut le détour, et il y a quelques moments furieusement nanaresques (les assassinats sanglants sont gratinés, surtout celui de Stella dont le dernier hurlement s'achève sur ce qu'on prend d'abord pour un pet et se révèle être un coup de sonnette), mais dans l'ensemble, on s'emmerde ferme, donc.
A voir un jour de pluie, entre deux Al Adamson.