Simon Sez
Genre : mission impassible
Fiche technique
- 1999
- Réalisation : Kevin Elders
- Scénario : Moshe Diamant et Rudy Cohen
- Avec Dennis Rodman (Simon Sez), Dane Cook (Nick), Ricky Harris (Micro), John Pinette (Macro), Filip Nikolic (Michael), Natalia Cigliuti (Claire), Emma Sjöberg (la danseuse), Jérôme Pradon (Ashton), Xin Xin Xiong (Xin Xin), Henry Courseaux (Bernard), Igor De Savitch (Colonel Telore), Clayton Day (William Fence) et Jean-Michel Dagory (Frenais)
Revue : Marc Madouraud
Un film réunissant le basketteur tatoué et percé Dennis Rodman, le boyz Filip Nikolic (des 2be3), le mannequin Emma Sjöberg et ce monument du cinéma français qu'est Henri Courseaux, ne pouvait qu'exciter l'intérêt du nanarophile en manque.
Le scénario... Quel scénario ? Ah oui, franchement, débarrassons-nous vite de ce point de détail qui n'a pas encombré exagérément ses deux prétendus créateurs. Toute l'action se passe sur la Côte d'Azur. Simon Sez (Rodman) est un agent de l'Interpol qui est sur la piste du vol d'une arme ultra-secrète à la France. Le machiavélique Ashton, un milliardaire mégalomane, a soudoyé un militaire français pour s'en emparer. Sez, aidé de deux génies de l'informatique qui s'habillent en moine et ont leur repaire dans les sous-sols d'une église, surveille ce dangereux individu sans pouvoir le stopper car, entre-temps, une nouvelle affaire lui est tombée sur les bras. Nick (Cook), un ancien copain qu'il avait connu lors des cours de la C.I.A. (sic), le sollicite de toute urgence : devenu chef de la sécurité d'un magnat de l'informatique, il doit échanger contre la fille de son patron américain, Claire, qui a été enlevée, contre un mystérieux CD. En fait, la fifille n'a pas été réellement enlevée, mais file le parfait amour avec Michael (Nikolic), fils d'un mafieux du coin (Courseaux) ; et comme le dit mafieux est à la solde d'Ashton, on comprend vite que ce dernier convoite le CD en exploitant la situation. Simon, en dépit des gaffes de son ami Nick et de la résistance que lui oppose la garde du corps de la « kidnappée », qui n'est autre que son ancienne maîtresse (Sjöberg), parvient à délivrer Claire, mais celle-ci est reprise peu après, tandis que le repaire de Simon est dévasté par les sbires d'Ashton qui recherchent le CD.
Grâce à sa captive, Ashton parvient à avoir une nouvelle copie du CD via le père, et peut ainsi disposer du logiciel indispensable pour faire fonctionner son arme (ne me demandez pas pourquoi un logiciel américain est censé faire marcher une arme apparemment française, je l'ignore). Simon, Nick, Michael et la garde du corps s'allient finalement pour donner assaut au château du grand méchant. Pendant que les trois autres éliminent les sous-fifres, Simon s'attaque à leur chef. Celui-ci a installé l'arme dans une sorte d'observatoire : il semble s'agir d'un super rayon laser capable de détruire à distance n'importe quelle cible. Ashton a pour objectif de désintégrer la Tour Eiffel (pas trop compris pourquoi non plus, mais c'est un dangereux mégalomane, rappelez-vous, et on ne peut rien attendre de censé de ces gars-là... ni des scénaristes d'ailleurs, me direz-vous). Evidemment, le combat final tourne à l'avantage de l'homme d'Interpol, et son adversaire périt victime de sa propre arme. Nick, qui a trouvé sa voie, devient lui aussi un agent secret...Pffffui ! Un scénario en béton, non ? A première vue, cela ressemble à une version cinématographique de séries télévisées d'action aussi artificielles que Caraïbes Offshore (Thunder in Paradise) avec Hulk Hogan ou Agence Acapulco (Acapulco H.E.A.T.) avec ses pin-ups et son boys band. Aussi vide, aussi superficiel, aussi clinquant. A ce point de vue, cela évoque également les James Bond tournés par John Glenn, superbement faits sur le plan technique, mais privés d'âme. James Bond, d'ailleurs, dont Simon Sez se veut une manifeste parodie : le final est particulièrement bondien, tout comme le grand vilain de l'histoire, ou encore les deux « gadgets-men », versions loufoques de Q.
Outre le scénario-gruyère (avec davantage de trous que de fromage), le gros point noir du film est sa direction d'acteurs. Le jeu de Rodman ? Euh... Il agite l'anneau de sa narine droit pour dire oui, l'anneau de gauche pour dire non. J'exagère à peine. Et j'ai l'impression que ce n'est pas la faute de ce sympathique « bad boy », comme il s'appelle lui-même, mais du réalisateur qui ne lui ménage aucune scène potable. Au contraire de son « sidekick » (employons des mots anglais, puisque ce film est conceptuellement suraméricanisé), Dane Cook, qui est obligé d'en faire absolument des tonnes, dans un but humoristique des plus douteux : celui qui l'a vu « faire Godzilla » pour impressionner son adversaire peut taxer Jim Carey, après coup, d'acteur bressonien. Là encore, l'acteur - qui est paraît-il bon - ne paraît pas en cause, c'est son rôle qui veut ça... Les numéros des deux moines informaticiens ne sont pas tristes non plus. Par contre, Emma Sjöberg, dans son personnage de garde du corps à la fois sexy et revêche, explose littéralement à l'écran ; féline et sensuelle, elle rappelle, en plus déliée, la Daryl Hannah de Blade Runner.
Pourtant, tout n'est pas entièrement négatif dans ce sous-James Bond. S'il est Z par son écriture et sa distribution, il offre d'autres atouts : les décors naturels (paysages, bâtiments) sont magnifiques, les cascades fort bien réalisées, les combats - plus chorégraphiques qu'autre chose - amusants à voir et les effets spéciaux corrects. Quant à l'humour, beaucoup trop omniprésent pour être honnête, et ce même si les acteurs en font des tonnes, il parvient quelquefois à faire mouche, ou du moins à tirer un sourire. Le film ne se prend jamais au sérieux (même les héros se retrouvent dans des situations quelquefois humiliantes, à l'instar du 2be3 qui dévale une rue en pente coincé dans un caddie) et, s'il est trop artificiel pour prétendre être autre chose qu'un produit de consommation courante, peut faire passer un instant relaxant entre amis...