Razor Blade Smile
Genre : vampire que la mort
Fiche technique
- Razor Blade Smile (1998)
- Réalisé et écrit par Jake West
- Avec Eileen Daly (Lilith Silver), Christopher Adamson (Sethane Blake), Jonathan Coote (Inspecteur Price), David Warbeck (Dr Frankenstein), Isabel Brook (Celeste) et Kevin Howarth (Platinum)
Revue : Marc Madouraud
Un film de vampires britanniques, d'accord on connaît, mais modernisé ? C'est ce que tente Razor Blade Smile.
Pour l'héroïne, Lilith Silver, une pulpeuse brune, tout commence courant dix-neuvième siècle, lorsque son amant est tué dans un duel par l'inquiétant et colossal Sethane Blake. Elle tente d'abattre le vainqueur, mais un témoin la blesse à son tour. Pour la sauver, Sethane, qui semble avoir un gros béguin, lui donne de son sang et la transforme en vampire - ben oui, c'en était lui-même un !
Dans les années 1990, en Angleterre, Lilith est devenue une tueuse à gages des plus efficaces, baptisée l'Ange de la mort, auquel son «imprésario», qui est aussi son amant, indique ses cibles pour des missions grassement rémunérées. Inutile de dire que la belle, après avoir flingué ses victimes, les soulage de tout leur sang. Elle a d'ailleurs plusieurs contrats en cours, chacune de ses proies portant des bagues bizarres. Intriguée, elle fait son enquête et découvre qu'elles appartiennent toutes à une puissante organisation clandestine, les Illuminati, au pouvoir énorme. Ce qu'elle ignore, par contre, c'est que cette espèce de secte est dirigée par son ancien mentor, Sethane. C'est peu dire que la vie (ou la mort, comme vous voulez) roule pour Lilith : elle flingue de temps en temps, et se rabat sinon sur des gothiques qui aiment se la jouer vampires, et qui finissent toujours exsangues. Mais l'inspecteur Price, affilié aux illuminati sans connaître la réelle nature de son chef (c'est compliqué, cherchez pas), découvre à sa grande horreur que Lilith est une non-morte et, obsédé (on le serait à moins), tente de la supprimer, en vain.
L'imprésario de Lilith est enlevé, et un piège est tendu à la vampiresse. Elle en sort indemne, mais ne peut sauver son amant. Elle apprend toutefois que le commanditaire des meurtres n'est autre que Sethane. Ne pensant qu'à la vengeance, elle se rend au domicile de son adversaire et décapite quelques sbires (car il faut vous dire que les vampires ne craignent ni le pieu, ni la croix, ni la lumière et que seule la décapitation peut les tuer... Bonjour Highlander !) Price, qui assiste au début de la confrontation finale entre les deux rivaux, apprend que Sethane est un vampire et, dégoûté, se tire une balle dans la tête (si ça lui chante).
S'ensuit un beau duel de sabre, gagné par Lilith. Mais, au lieu de couper la tête du méchant, elle tombe dans ses bras. En fait, toute cette histoire était un jeu monté par les deux vieux amants pour pimenter leur vie (ou leur mort, je ne suis pas difficile).
Comment qualifier ce film ? Je ne saurais mieux dire que cela ressemble à un scénario de Jésus Franco revisité à la mode «Crying Freeman» par un (mauvais) réalisateur de clips. Ca pue la mode (cinématographique comme vestimentaire) à plein nez et pourtant la qualité de la photographie (assez laide) est loin d'être à la hauteur de l'ambition de Jake West. Les duels et les gunfights ressemblent à des caricatures apathiques de ceux de Hong-Kong, et le côté vampiro-cryptocratique de l'intrigue rappelle celle du calamiteux «Dracula vit toujours à Londres». Si l'impressionnant Christopher Adamson (le Mean Machine de «Judge Dredd» et le psychopathe de «Lighthouse») domine sans problème le casting, le jeu d'Eileen Daly, une Elvira britannique paraît-il, consiste à prendre des poses provocantes et à exhiber son dentier acéré. Notons aussi la dernière apparition du fulcien et margheritien David Warbeck, très émacié, qui mourut en cours de tournage, ici en médecin légiste à l'humour macabre (ça c'est original).
Malgré tous ces défauts (et bien d'autres par ailleurs), RBS se laisse assez agréablement regarder, pour peu qu'on ne s'énerve pas devant le parti-pris esthétique et le montage de West. Quoique la fin soit d'une telle débilité, accentuée par la voix off de l'héroïne (qui ne cesse tout au long du film de faire des commentaires prétendument ironiques et réellement idiots). Même pas marrant...