Witchouse

Genre : sorcière qu'on dit sonnée

Fiche technique

Revue : Docteur Bis (hourra!)

LES AVENTURES DU DOCTEUR BIS DANS LA JUNGLE DU VIDEOCLUB DE LA MORT QUI TUE (Cinquième épisode)

David DeCoteau est à l'honneur ces temps-ci, puisque plusieurs de ses productions Full Moon viennent de sortir presque simultanément : "Shriek", "Talisman"… D'ailleurs, il en profite pour ressortir ses pseudos de Victoria Sloan et Jack Reed. Apparemment, le polar très réussi "Saugatuck" était un simple coup d'essai, le revoilà dans le domaine du Z réservé à la vidéo. Suivant la tradition de Ted Nicolaou et ses atmosphériques "Subspecies", tous ces films offrent une très belle photographie, une mise en scène correcte et, pour les deux précités, un scénario pas trop mal fichu : bonne construction dramatique pour "Talisman", personnages sympa pour "Shriek" (Malgré un monstre grotesque…).

On ne peut en dire autant du film de ce soir, celui dont ça qu'est-ce que je vais vous causer, le ci-devant désigné :

Witchouse

Oui, en un mot. Et c'est bien le titre Anglais. On ne va pas demander des notions de syntaxe aux distributeurs vidéo, sinon, plus rien n'a de limite ! Ce qui peut donner des jeux de mots genre "Which house"… M'enfin.

Pouf, pouf.

Au moins, tout est dans ce titre, même aggloméré. Une maison, une sorcière. On aura les deux. On se demande comment ce bouzin-là pourra se démarquer des "Demon House" et compagnie au même thème. Ou s'il cherchera à s'en démarquer. On va voir. Au fait, en tirant à pile ou face, DeCoteau a choisi de signer celui-là Jack Reed, et non Victoria Sloan. Voire… David DeCoteau ? M'enfin, il doit avoir ses raisons. Mais vient ce grand moment d'émotion où on glisse la cassette dans la fente prévue à cet effet, l'écran s'allume…

Magique !

Tout commence par une nuit d'orage (Tah-dah…)… Deux torchenaves en voiture vont dans une demeure où, dixit la demoiselle, "on aurait pu tourner la suite d'Amityville". Insistent lourdement sur le fait qu'il s'agit d'un manoir de films d'horreur… Oubliant qu'en principe, le spectateur connaît ses classiques. Bref, de toute façon, ce n'est pas fini. Ils attendent une camarade de classe nommée Elizabeth, mais décident d'entrer tout de même. Evidemment, ils ne trouvent rien de mieux que de descendre à la cave au décor étonnant qui, curieusement, réveille les pulsions libidineuses du torchenave. Ils décident donc de faire le signe de l'alligator à double écaille, mais (tah-dah !) Une inquiétante silhouette apparaît. Elle nous fait le coup de l'œil de braise qui rend merguez (Ou a vu "Spawn" et ses yeux verts et c'est dit que ça fait toujours joli) et les poignarde joyeusement au-dessus d'un pentagramme.

Deux meurtres avant le générique. Ça commence bien.

Simple détail : on se demande qui exactement les a tués. On ne le saura jamais vraiment au vu du reste du film. CDLS. Et somme toute, ben, on s'en tape…

Générique assez fumé la moquette, avec des flammes, des visions infernales en CGI et des yeux z'inquiétants partout partout. Bref, quelqu'un a définitivement vu "Spawn". Ce qui est un sort que je ne souhaiterais à personne, même pas à Pelo… Encore que… passons. Je digresse (de phoque).

Un peu plus tard (On présume…) arrivent d'autre torchenaves (Décidément, il doit y avoir un élevage…), dont un sosie de Tom Hanks et un duo de rockers. D'ailleurs, à part les rockeurs crétins, ils sont tous diplômés et intellos, qu'on nous dit, ce qui permets à une cagole de confondre Stephen King et Stephen Hawkins. (Insérer rires) (Non, en fait, c'est plutôt bien amené, je calomnie, je vilipende !) L'une fait un mémoire sur les gauchers, censés être adorateurs du diable (Y'avait longtemps qu'il n'avait pas montré le bout du sabot, ce gazier-là.). Entre-temps, ils disent du mal de la fameuse Elizabeth… qui fait son entrée en descendant du grand escalier.

Bon, là, on regarde si le brave vidéoclubiste n'a pas confondu ma cassette avec "Night of the Demons" de Kevin Tenney, mais non. N'empêche, l'impression de déjà vu (En Anglais dans le texte) s'instaure.

Elizabeth dévoile un pentacle sur le plancher, ce qui rappelle au rocker la pochette de "Shout at the Devil" (De Motley Crue, inculte !) — car depuis, on a droit à un déluge de références (J'ai oublié Hendrix, le gaucher). A 15 minutes de bouzin, une des cagoles répond à une question que l'on se pose depuis un bail en disant : "Halloween est dans six mois" ! (Bizarre, en effet, vu qu'à l'extérieur, le sol est couvert de neige, mais bon. CDLS.)Le rocker balance des dialogues crétinoïdes sur la drogue, ce qui fait qu'on le met en haut de la liste de ceux qui vont ont une espérance de vie particulièrement limitée, et une cagole fait une scène de jalousie à son z'homme — avant de préciser que la maison est hantée ! (Sans blague ? Elle croyait être dans "La petite maison dans la prairie" ?). Bon : on cause, on cause, et on en profite pour admirer la magnifique photographie. Et… La rockeuse tombe sur un bouquin relié cuir façon "Reader's Digest" portant l'inscription : "Necronomicon" ("C'est du Français ?" demande la rockeuse.), curieusement signé "Le Fey". Chiqué ! Je dit plagiat ! Arrive alors Jennifer, une timide à lunettes, ce qui fait d'elle la survivante désignée.

Et c'est parti pour la séance de spiritisme ! Apparemment, le premier Mai, c'est le jour où l'alignement des étoiles a détruit Pompéi, lancé la bombe atomique, coulé le Titanic et conçu Britney Spears, tout en revenant à Halloween, bref, celui qui a compris prévient les autres. Or la descendante d'Elizabeth (De la famille Lefey, hé hé… Qu'en penserait Anton LaVey ?), Lilith, mourut 300 ans plus tôt en ces lieux. Elle reçut les rudiments de la magie noire, fit un pacte avec le Diable, devint sorcière, se lança dans des orgies, se mit à écouter Marylin Manson, la routine, quoi…Au passage, on cite Dunwich, pendant qu'on y est, pourquoi pas. Donc, après une tentative de sacrifice humain et avoir tué ses parents, Lilith fut condamnée au bûcher, toujours aussi classique. Or l'intello de service se retrouve soudain à la place de la sorcière sur le bûcher alors que ses amis jouent aux moines (Même pas flagellant) ; on s'en doute, ce n'était qu'une vision… Entre-temps, deux autres torchenaves se rendent à l'étage pour y faire le signe du serpent à double langue fourchue. Est-ce vraiment le moment ? On en doute. Lorsque la cagole s'éloigne — en bikini, ces étudiants ont de drôles de mœurs — pour aller prendre une douche, on se doute de ce qui va arriver.

Bon, on en est à 35 minutes du bouzin, on nous dit une fois de plus que les Lefey sont des sorciers satanistes (Et écoutent du black métal habillés en noir ?) et on attend qu'il se passe quelque chose, surtout que ces torchenaves ont tous trouvé moyen de se séparer telle la chair à psycho-killer moyenne. L'électricien de service (si…) expose une théorie sur les fils affleurant sur les murs, histoire qu'on aie une bonne idée de la fin une bonne heure avant.

Le futur Stephen King, heu, Hawkins, trouve moyen de se rendre à la cave où Elizabeth en appelle aux Puissances Infernales, ce qui ne mange pas de pain, et ne réussit qu'à invoquer Lilith, qui a vraiment une très sale tronche. "C'est rassurant de voir que la petite famille perpétue les traditions", dit-elle. Après avoir détruit l'intello (Tiens, on l'aurait plutôt rangé dans les survivants, lui), Lilith déclare qu'il est temps "d'aller répandre la haine". Le stupre, la fornication et la vache folle ? Qui hait qui ? Quelle heure est-il ?

Jennifer découvre que ces torchenaves sont tous les descendants de ceux qui ont condamné Lilith — tous, sauf ladite Jennifer, l'historienne à lunettes, tiens donc. Heureusement que ces gens-là ne pensent jamais à déménager, sinon, les spectres seraient bien enquiquinés… Une brume possède l'un des torchenaves, qui se transforme en extra d'"Evil Dead". Vous vous souvenez de sa copine partie prendre une douche… (Qu'elle prend toujours. Depuis le temps, elle devrait être plus fripée que la sorcière, mais bon.)La rockeuse pense qu'on se paie leur tête, le rocker dit qu'il ne veut pas finir comme ces ados dans un film d'horreur (! Change de métier, couillon !) et Jennifer roucoule avec l'électricien sur fonds de piano en délire, façon Richard Claydermann un soir de cuite. Bon. Quand est-ce que ça s'étripe ?

Enfin : Lilith apparaît aux rockers. Elle lance un rayon électrique au rocker et la rockeuse étale la sorcière d'un bon direct ! ("On se serait cru dans "L'exorciste", juge-t-elle bon de préciser. Soupir un peu crispé.) Evidemment, ils jugent bon de se séparer… (Re-soupir) Certaines personnes n'apprennent jamais les leçons de l'existence. Ou n'ont pas lu le CISB. Ou les deux.

Lilith et Elizabeth apparaissent à Jennifer. Le rocker tombe sur le duo d'amoureux, désormais tous deux transformés en extras d'"Evil Dead" (C'est contagieux, alors ?) qui jugent bon de lui arracher la tête, ce qui n'est pas la pire des idées, en somme. La rockeuse tombe sur Jennifer et l'électricien (Au passage, Jennifer s'est blessée, visiblement hors champ, ou j'ai cligné des yeux au mauvais moment, mais bon.) Les trois survivants se retrouvent à la cave (Pas un seul n'a eu l'idée de chercher la sortie, apparemment), puis la rockeuse se transforme à son tour en extra d'"Evil Dead" dotée des mêmes pouvoir que Lilith, puisqu'elle envoie à son tour des rayons électriques. Jennifer trouve moyen de lui renvoyer lesdits rayons, ce qui la fait disparaître. Curieux, ils n'avaient pas fait grand-mal au rocker avant sa décollation, mais bon. Notre électricien décide alors qu'il faut tuer Elizabeth (Ouaiiis !) et, comme on s'en doute, tire profit de l'installation électrique comme il l'avait laissé entendre un peu avant que ce que j'vous cause… Au passage, Lilith prétend vouloir contrôler la planète (Ah ? Bon…) avant de se prendre un bon coup de jus et de disparaître, ce qui prouve que les sorcières ne sont plus ce qu'elles étaient. Coup de théâtre : face à Elizabeth, Jennifer déclare être descendante de l'enfant que Lilith voulut sacrifier au diable ! Servez chaud. À une heure neuf, c'est fini… Sauf que l'ensemble est dédié à la mémoire du "rocker", apparemment décédé peu après le tournage. Note amère sur cette série B… Après enquête de votre bon docteur, il ne fut point victime d'une sorcière, mais poignardé lors d'un altercation. Il ne fit que quatre films, dont "Pariah", une histoire de skinheads. Des fois, la vie, c'est plus con que toutes les série Z du monde…

Donc : Une maison et une sorcière avec une sale tronche, on est pas volé. Satan, le Nécronomicon, des descendants, des moines, bref, tout y est, sauf une histoire de réincarnation. Quelques louches de sang. Pas de seins nus, ce qui est un moins. Du kung fu, du z'œil-de-braise fu, du rockeuse fu, du Evil Dead fu, du pentagramme fu, du watt fu et, malheureusement, de l'acteur fu (Largement hors champ, mais tout de même.)

Prescriptions du docteur : C'est court, rapide et rigolard et, donc, correspond aux critères du nanar gouleyant et s'avère moins casse-pied que les "Night of the Demon" (le modèle). J'avoue néanmoins avoir préféré "Shriek" et "Talisman", mais tous restent honorables. Visionnage en groupe conseillé mais pas indispensable. Absorption d'alcool envisageable. Effets secondaire : une sourde envie de se faire un marathon DeCoteau et, face à l'accumulation de références, une forte proportion de grattages de tête, ce qui accentue les risques de calvitie précoce, on ne le dira jamais assez. Avertissement du docteur : attention au goût amer que laisse le carton de dédicace à l'acteur défunt, ce qui gâche un peu les ouarf potentiels et passés. Rappelez-vous, sans une éternelle vigilance, cela peut arriver chez vous.

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