The Killer Tongue
Genre : ma langue aux chiens
Fiche technique
- La Lengua asesina (1996)
- Angleterre / Espagne, 95 mn.
- Réalisation & scénario : Alberto Sciamma.
- Interprétation : Mindy Clarke (Candy), Jason Durr (Johnny), Mapi Galán (Rita), Robert Englund (gardien chef), Doug Bradley (Headwig), Nigel Whitmey (Chip), Michael Cule (Frank), Jonathan Rhys-Meyers (Rudolph), David Dale (Heidi), Danny Edwards (Loca), Terry Forestal (postier), Ricardo Fraguas (photographe), Mabel Karr (nonne âgée), Kimberly (Mimi), Tusse Silberg (Mère Superieure), José Truchado (Ted), Edward Tudor-Pole (Flash), Richard Water (Vic), Alicia Borrachero (journaliste)
Revue : Marc Madouraud
Killer Tongue : un titre destroy pour un film destroy.
Candy et Johnny, un couple de jeunes malfrats, ont réussi à faire un casse au Nouveau-Mexique avec Chip et Frank, mais s'enfuient avec le butin en abandonnant leurs complices. Mais la police arrête Johnny, qui est envoyé dans une prison située dans la zone désertique et dirigée par un gardien-chef sadique. Candy, qui a gardé l'argent, se fait oublier en devenant nonne dans une mission qui sert aussi de... station-essence.
Quand Johnny n'est plus qu'à quelques jours de sa libération, il envoie un mot à Candy, qui quitte ses vêtements de bonne soeur et gagne en voiture, accompagnée de ses quatre caniches, un ancien bordel désaffecté près de la prison, baptisé Porky's. Grâce à une photo parue dans les journaux, qui avait été prise devant la pompe à essence avec toutes les nonnes, Chip et Frank retrouvent la trace de Candy...
Le soir même, alors que les forçats sont dans leur dortoir et Candy en train de manger avec ses chiens, une météorite rougeoyante tombe dans le désert proche, provoquant un petit tremblement de terre. Une sorte de pierre, faite de la même matière ressemblant à de la lave en fusion, s'en échappe et survole le désert, pour pénétrer par la fenêtre dans le Porky's et atterrir... dans l'assiette de soupe de Candy !
La jeune femme, qui ne s'est aperçu de rien, avale la chose... et s'élève jusqu'au plafond en expulsant de la fumée par la bouche ! S'ébauche alors une effroyable mutation : sa coiffure ressemble alors à celle de Michael Jackson (en plus long), ses ongles poussent, et une sorte de peau noire lui recouvre le corps, alors que son épine dorsale ressort nettement. Puis elle tombe, inanimée. D'abord apeurés, les caniches s'approchent et lèchent les restes de sa soupe... Un nouvelle transformation survient : ils se transforment tous quatre en... drag-queens ! L'histoire part alors tous azimuts. Quand Candy se réveille, elle s'aperçoit qu'elle a en elle un hôte indésirable : sa langue ! Mais une langue immense, parlante et cannibale ! Quand Chip, qui a retrouvé sa trace, arrive pour exiger sa part de butin, il devient la première victime de la langue. Pour être tranquilles, les ex-caniches empruntent la voiture (depuis quand les chiens savent-ils conduire, je vous le demande) pour kidnapper quelques personnes - dont une nonne - en guise de repas.
Johnny, martyrisé par le gardien-chef, arrive à s'évader, mais est blessé gravement lors de sa rencontre en plein désert avec la météorite. Rita, une nonne muette traumatisé par les événements de la veille, s'est enfui aussi dans le désert et touche la même météorite, qui la soigne et lui redonne la parole ! Croisant Johnny, elle le guérit également en utilisant un fragment de la même origine. Frank, inquiet du sort de Chip, pénètre également dans le désert, et, après avoir blessé Johnny, explose en pissant sur l'inévitable météorite.
Bon, passons sur toutes les scènes plus délirantes les unes que les autres qui s'enchaînent alors, et passons à la confrontation finale : Johnny, Rita, le gardien-chef, un autre forçat et les nonnes survivantes se réfugient dans l'église de la mission. Pris d'une inspiration subite, Johnny crève un réservoir d'eau qui inonde les lieux. Survient alors Candy, en fureur (elle a surpris son ami avec Rita), prête à éliminer tout le monde, suivie des quatre ex-caniches. Perché sur l'autel, Johnny lance dans l'eau un fragment de météorite : pour une raison inconnue du spectateur, cela provoque l'explosion des quatre drags-queens, ainsi que du gardien-chef et de son protégé qui s'étaient cachés dans un confessionnal.
Candy, en bondissant sur une croix, a échappé aux « ondes » (???) ayant provoqué le carnage. Elle agresse le couple, mais Rita, d'un grand coup de pioche dans la langue, parvient à sectionner l'E.T. qui finit par mourir. Candy retourne alors à son état initial. Dernière image : Candy allongée sur un lit, se remémorant les événements passés. Seul problème : elle est enceinte de son ancien locataire extra-terrestre...
En effet, "Killer Tongue" n'est pas racontable - à tous points de vue. A partir d'un certain moment, le scénario laisse place à une succession de scènes toutes plus délirantes les unes que les autres, sur un rythme de plus en plus accéléré. Il emprunte à la fois au road movie destroy style "Saylor & Lula", "Perdita Durango" ou "Arizona Junior", aux comédies déjantées style "Priscilla folle du désert", et au bon vieux film SF d'invasion extra-terrestre, qui déboula sur nos écrans dès les années 50 à la "Brain from Planet Arous". La langue extra-terrestre anthropophage et parlante rappelle, elle, irrésistiblement "Elmer le remue-méninges", l'autre petit chef-d'oeuvre gore de Frank "Basket Case" Henenlotter.
Sciamma a ainsi créé un film d'esprit totalement Z, mais bien réalisé, bien joué, avec de beaux décors et d'excellents effets spéciaux. Un comble ! Le tout forme une série B survitaminée et irrévérencieuse, que, assez bizarrement, certains spectateurs ont pris au premier degré, comme le prouvent les critiques de plusieurs sites du net, où cet O.V.N.I. des écrans passe quelquefois pour un indigne navet, ce qu'il n'est certes pas. Les acteurs s'en donnent d'ailleurs à coeur joie, Robert Englund en tête, dans son rôle de surveillant sadique. Mindy Clarke est aussi presque belle et vénéneuse que dans "Le Retour des morts-vivants 3". Parmi les seconds rôles, retenons le nom de Nigel Whitmey, totalement allumé dans son interprétation d'un Chip hystérique et obsédé. Un nanar qui a conscience de l'être et qui en est heureux. Quand il est réussi, pourquoi bouder son plaisir ?