Ator
Genre : si Conan était bête
Fiche technique
- Ator, (autres titres connus : Ator, l'aquila battante, Ator, the Fighting Eagle...)
- Italie, 1982
- Réalisation : David Hills, alias Aristide Massacessi, alias notre vieux pote Joe d'Amato
- Scénar : Joe D'Amato, Michele Soavi
- Production : pauvre
- Avec Miles O'Keeffe, Sabrina Siani, Ritza Brown, Edmund Purdom, Laura Gemser, Dakkar... (dans le rôle de Dakkar)...
- Suites connues : Ator, The Blade Master (1984) et Ator, the Iron Warrior (1987)
Revue : Michel Pagel
"mode spiritisme on"
Non, franchement, Aristide, t'aurais pas dû. Les films de cul, c'était ton truc, éventuellement les films gore, mais les pompages éhontés de Conan, visiblement, ça t'inspirait pas. Je sais que Michele Soavi a contribué au scénario, mais sans rire, ça devait pas être son truc non plus, parce que ça, Aristide, c'est une sombre bouse. Je tenais à te le dire.
"mode spiritisme off"
Bon... Alors, ça commence par des vues de la montagne. Pendant le guide touristique, une voix off vachement pompeuse nous explique que l'éternel maître opprime le peuple depuis mille ans, qu'un guerrier est venu, Torenn, pour l'affronter, mais qu'il a été vaincu. Heureusement, les légendes disent que le fils de Torenn, Ator, lui, vaincra, et que ce sera le jour où la montagne crachera ses entrailles, et bla bla bla. On enchaîne sur une scène d'accouchement. Vous allez rire : c'est un garçon, et même qu'on l'appellera Ator.
Mis au courant, le grand prêtre de l'Araignée (dite l'Eternel Maître), qui n'arrête pas de caresser de grosses mygales, ordonne qu'on fasse mettre à mort tous les nouveaux-nés. Cet Hérode à la petite semaine est joué par un dénommé Dakkar, Dakkar tout court, qui fait de son mieux pour ressembler à Tulsa Doom.
Donc, ses sbires, les Cavaliers Noirs, partent dévaster la région pour massacrer les mouflets et leurs parents par la même occasion. Heureusement pour la suite du film, un type à l'air pas marrant, Griba (Edmund Purdom), qui semble ne pas porter le grand-prêtre dans son coeur, a déjà arraché le petit Ator à sa mère pour le confier à des parents d'adoption, dans un village aux confins du royaume. La mère sera décapitée quand même, probablement sans autre raison que celle de Conan l'a été, alors bon.
Sur ce, paf, vingt ans passent et nous retrouvons Ator en compagnie de sa soeur de lait, Sunia, à laquelle il offre un ourson. Ator, c'est Miles O'Keefe, qu'on a vu aussi en Tarzan dans l'opus avec Bo Derek et (je crois bien) en Malko Linge dans SAS à San Salvador. Il passe souvent pour un des plus mauvais acteurs du monde. Je m'inscris en faux : ce type a du génie ! Là, il réussit l'exploit d'avoir l'air pendant tout le film aussi con que n'importe quel Monty Python en paysan sorcièricide, et en plus IL NE LE FAIT PAS EXPRES. Du génie, je vous dis. Pour le reste, il a un peu la tronche de Roger Daltrey dans Tommy, et un physique de culturiste de base.
Bref, visiblement, Ator et Sunia en pincent vachement l'un pour l'autre, mais pas de pot, ils se croient frère et soeur et se disent donc qu'ils ne pourront jamais se marier. (Si, si, se marier.) Ator, en se tortillant comme un premier communiant, va trouver son père et lui demande si on ne pourait pas réactualiser les vieilles coutumes et faire une exception. Et paf ! le vieux lui apprend qu'en fait il n'est pas son fils, et bla bla bla. Donc, on les marie. Mais juste à la fin de la cérémonie, voilà-t-il pas que les méchants attaquent le village, vu que ce connard de Griba a été aperçu juste à côté.
C'est Griba qu'ils cherchent, hein, pas Ator, qu'ils croient trucidé en bas âge. Pourtant, ils tuent tout le monde (sauf Ator, qu'ils se contentent d'assommer, ce qui est très logique, et Sunia qu'ils prennent en otage, ce qui est encore plus logique vu qu'ils ne peuvent pas savoir qui elle est. Bon, elle est plutôt mignonne, mais c'est pas une raison.) A son réveil, notre héros décide évidemment d'aller récupérer sa soeur/femme. C'est là qu'il tombe sur Griba, qui lui révèle une partie de ses origines, mais pas son identité, et qui le prend comme élève. Au bout d'un temps X, Ator est considéré comme prêt et son maître disparait mystérieusement en lui laissant l'épée de Torenn (le père d'Ator, donc). Très content, notre jeune ami repart en quête et se fait capturer par une tribu d'amazones. Séduites par sa tronche de mongolien, elles décident que ce sera le père de la prochaine reine, et les meilleures se battent pour avoir l'honneur de porter l'enfant. C'est Roone, une blonde platinée (Sabrina Sianni, dans le rôle de Sandahl Bergman, donc) qui l'emporte. Comme par hasard, Ator avait déjà eu l'occasion de lui sauver la vie un peu avant dans le film. Bref, elle est amoureuse de lui, même si elle refuse de le montrer par fierté. Du coup, elle l'aide à s'échapper, et ils provoquent une diversion grâce au nounours du début qui fait rien qu'à suivre notre héros pendant le film. Une fois libre, Ator reprend encore un coup sa quête, et Roone décide de l'accompagner 'pour piller les trésors du temple' et pas du tout parce qu'elle l'aime, non non non...
Attendez ! Bougez pas ! Y avait pas une scène avec une jolie sorcière, dans Conan ? Même qu'elle devenait vieille et moche, à la fin ? Hop-là, on a droit à la scène avec la jolie sorcière : Laura Gemser, à contre-emploi (j'entends par là qu'elle reste habillée). Ator succombe à son charme tandis qu'elle lui passe de l'huile parfumée sur le torse. Il a alors cette réplique fantastique : "Je ne sais pas pourquoi, ta présence me rend étrangement heureux. Et tes doigts sur mon corps me font pâmer. Aaaaaah ! Oui... Aaaah !" On jurerait du Audiard. Heureusement notre amazone veille. Se servant à nouveau de l'ourson comme élément de diversion, elle réussit à faire passer la sorcière devant un miroir, dont elle arrache le voile protecteur d'une flèche bien placée. Laura se voit dedans et, donc, devient vieille et moche. On se demande un peu pourquoi elle gardait un objet aussi redoutable pour elle bien en vue, pour que tout le monde puisse y toucher, mais cherchons pas. Quand Ator s'échappe, elle gueule que sa vengeance sera terrible, mais on ne la reverra plus.
Sur ce, Ator retrouve Griba, qui lui dévoile enfin son identité et lui donne de nouvelles instructions : 1) Aller chercher le Bouclier de Modur qui rend invincible, dans la montagne qui crache le feu. 2) Aller buter le grand prêtre dans le temple de l'araignée.
Hop, c'est parti. La montagne qui crache le feu, elle n'est pas très active, disons-le, mais elle abrite des cavernes. Avant de s'y engager, Ator et Roone se frottent la peau à l'aide de feuilles pour déguiser leur odeur, car ils devont traverser la salle des Guerriers Aveugles, dont l'odorat est très développé. Je ne voudrais pas avoir l'air de chipoter, mais ne pourraient-ils aussi sentir l'odeur des feuilles ? D'autant que nos héros se la jouent décontratée : un petit coup sur le bras, un petit coup sur la cuisse, et hop ! notre odeur est déguisée, dis donc.
Ils réussissent quand même à traverser la caverne, effectivement remplie de guerriers aveugles, qui ont l'air de forger des armes, on sait pas trop pourquoi (et même pas du tout). Dans une autre caverne, ils trouvent le fameux bouclier, qui a la particularité d'irradier une lumière aveuglante (d'ailleurs, quand on l'a en face à l'écran, ça fait mal aux yeux. Merci, Aristide.). Ator est attaqué par son ombre, que la lumière du bouclier fait surgir. Heureusement, Roone, pas con, met un linge dessus, et on n'en parle plus. Ce pouvoir du bouclier ne sera plus jamais évoqué, il ne devait fonctionner qu'une seule fois. Au retour, nos deux héros doivent avoir transpiré, parce que ce coup-ci, les Guerriers Aveugles les attaquent — et se font massacrer. Des héros qui tuent des aveugles après les avoir volés, et même un ou deux par derrière, j'ai bien vu, vous appelez ça comment, vous ?
Etape suivante, le temple de l'araignée. On les retrouve à l'intérieur. Comment ont-ils fait pour déjouer la vigilance des nombreux gardes qu'on nous a montrés à l'extérieur, mystère. Hop, baston général. Ator et Roone refont un massacre, mais de vrais méchants, cette fois. Et enfin, notre bellâtre affronte le grand prêtre (Dakkar... je vous jure...) en combat singulier. Ils échangent deux ou trois coups d'épée, et puis le vilain pas beau se voit dans le bouclier, ça fait boum, et il disparaît. Ah bon... Là, il a pas ri, Dakkar. (Désolé...)
A cet instant, retentit un cri perçant, dans une autre salle. C'est Sunia, évidemment. "Va !" ordonne Roone à Ator avant d'affronter seule le reste des Cavaliers Noirs.
La pauvre petite Sunia a été attachée à une grande toile d'araignée en chanvre, dans laquelle s'ébattent deux ou trois mygales. On distingue à l'arrière plan quelques pattes géantes velues du plus mauvais aloi. Alors qu'Ator va libérer celle qu'il aime, Griba s'interpose et révèle son vrai visage : il est l'ancien prêtre du culte et il ne voulait que récupérer sa place. Bon, on va pas en parler trois heures : Ator le bat et le félon se retrouve englué dans la toile, jusqu'à servir de repas à la grosse araignée géante en peluche que j'évoquais plus tôt, tandis que nos jeunes amis s'enfuient.
Après avoir conduit Sunia dehors, Ator retourne bravement dans le temple pour affronter l'éternel maître (la peluche, donc.) Coup de taille sur une patte, coup de taille sur une autre pattre, deux ou trois fois de suite, et puis coup d'estoc, et paf ! plus d'araignée géante. De toute façon, on ne voit pas grand chose du combat, vu qu'on a la lumière de ce putain de bouclier en pleine poire. Bouclier qui, d'ailleurs, tombe en miettes. Reste la grande scène d'émotion : Ator retrouve Roone, blessée, qui expire dans ses bras après lui avoir avoué son amour. C'est beau ! Ah oui, le nounours rejoint nos deux tourtereaux.
Et ça se termine par des vues du volcan qui entre en éruption. Mais pourquoi ça, hein, Aristide ? "Ma que, on avait les stock shots gratos, et puis la légende, elle dit qu'il faut que le volcan, il entre en éruption pour que l'araignée, elle soit vaincue." Bon, d'accord.
J'avoue que j'ai rigolé deux ou trois fois grâce aux dialogues, même si à ma grande déception, personne ne s'exclame jamais "Ator a raison". Pour le reste, le scénar est tellement pompé sur Conan que même Miles O'Keefe a dû s'en rendre compte ; le jeu des acteurs est minimaliste ; les scènes de combat sont réglées au poil, mais de mammouth laineux, hélas ; Tout le monde reste habillé ; les trucages... quels trucages ? Et le rythme est un brin poussif. Une daube, quoi. Et il paraît qu'il y a trois suites !