DOCTOR’S BLOOD COFFIN

Genre : savant à côté de ses pompes

Fiche technique

Revue : Marc Madouraud

Le docteur en question (Kieron Moore) est un étudiant en médecine qui n'a qu'une obsession : transplanter le coeur d'un homme vivant dans un corps mort pour faire revivre celui-ci. Intéressant, me direz-vous, mais ça vous bute déjà le donneur, ce qui est, sous pas mal de latitudes, considéré comme légalement répréhensible.

Viré par son professeur à Vienne pour vouloir expérimenter sur un être humain (autant vous le dire tout de suite : Peter Blood n'a aucun scrupule... Pire que Madelin et E.A. Seillière réunis), le pauvre gars se rabat sur son village natal, situé sur les côtes de Cornouailles ou un bled approchant, où exerce déjà, comme médecin, son intègre père (Ian Hunter).

Tout en jouant au fils prodigue, il enlève quelques hommes qu'il paralyse au moyen de curare pour ses expériences, qu'il entend mener dans une vieille mine désaffectée située près d'une falaise. Parallèlement, il s'envoie la ravissante assistante de son papa (Hazel Court, pas le papa, l'assistante, essayez de suivre quand même !), une jeune veuve relativement joyeuse.

Mais, si on peut lui accorder quelque talent sur le plan médical, en tant qu'apprenti criminel il est rigoureusement nullard : même le policier local (Kenneth J. Warren), qui ne reconnaîtrait pas pas Jason même si celui-ci transformait en sushi la première morue venue, finit par s'apercevoir de ses indélicatesses au profit de la science. A force de maladresses et de meurtres (il occit une poignée de clampins contraint et forcé) de sa part, sa copine découvre son hobby et le trahit publiquement.

Traqué, il atteint quand même son but : il arrive à transplanter un palpitant. L'opération, faite en trois coups de bistouris et en à peine trois minutes, a dû faire crever de jalousie, à l'époque, le Pr Barnard, qui s'avéra beaucoup moins doué.

Mais le principal n'est pas là : si le donneur était vivant (pas pour longtemps, car sans coeur même les plus avares passent l'arme à gauche rapidement), le receveur - ainsi que le découvre, passablement dégoûté, le spectateur - n'est autre qu'un... cadavre putréfié ! Et en plus il s'agit de l'ex-mari de sa maîtresse, mort voici un bout de temps dans un accident de la route. Le gars, s'il fut un jour beau gosse, n'en a rien gardé : peau verdâtre et grumeleuse, yeux enfoncés et une vivacité de limace à rendre jaloux les morts-vivants de Fulci

Ici se situe la première originalité du film : alors que, dans la plupart des nanars, le héros se décarcasse pour débarrasser sa maîtresse du mari de celle-ci, le Dr Blood Jr le ressuscite au contraire ! Un vrai vicieux ! Un amateur de partouze nécrophile ?

Exploit médical insensé certes (on voit mal ce qu'un coeur frais peut apporter à un tas de chairs en décomposition) mais malvenu : l'histoire se clot par un pugilat entre le zombi et son créateur, qui voit les deux protagonistes - qui ont servi dans le même corps, si vous voyez ce que je veux dire - mourir, l'un s'essayant à la chose pour la seconde fois. Vu son état faisandé, il avait déjà bien commencé le travail...

Daube anglaise, donc. Le film est soporifique jusqu'aux dix dernières minutes. Auparavant les multiples maladresses du pauvre Peter n'intéressent personne : un assassin aussi maladroit ne fait guère pitié. Le final est beaucoup plus amusant, mais l'idée de ressusciter un macchabée fortement asticoté par une simple greffe de coeur est tellement débile qu'elle en devient affligeante.

Autre originalité : le savant fou, ici, n'a pas le profil de l'emploi, comme l'avaient Peter Cushing, Michael Gough ou Donald Wolfit : il s'agit d'un beau gosse viril, joué par un acteur plus habitué aux rôles de "durs" et d'aventuriers. Hélas, Moore manque de charisme, comme ses collègues (Ian Hunter en tête). Pas de comédien style Miles Malleson ou Michael Ripper pour relever le niveau chez les seconds couteaux. Encéphalogramme plat... Les variations sur le mythe de Frankenstein sont légion, mais celle-ci se signale surtout par son insignifiance.

Allez, docteur Blood, retourne dans le cercueil que t'as généreusement offert le titre : tu ne mérites guère mieux...

Retour à la page BIS