Genetic Force
Genre : super-héros frénétiques
Fiche technique
- Autre titre : Electra, 1994
- Réalisation : Julian Grant
Revue : Michel Pagel
Prenez un scénario pour comic book de super-héros des années 60. Ajoutez une bonne mesure de fesse. Saupoudrez d'une pincée de gore. Mixez le tout, tournez en vidéo (ou alors avec une photo tellement moche qu'on dirait de la vidéo) et vous obtenez ce nanar éminemment sympathique, qui ne recule devant pas grand chose. Le titre français en est "Elektra", à moins que ce ne soit l'inverse.
Un scientifique dont le fils souffre d'anémie a mis au point un sérum permettant au garçon de mener une vie normale, tout en le transformant en surhomme. Ensuite, il est mort, laissant sa deuxième femme (Lorna, jouée par une Shannon Tweed en pleine(s) forme(s) s'occuper du jeune Billy. Comme il serait terrible que le sérum tombe en de mauvaises mains, ils vivent en pleine brousse, ne voyant que leurs voisins les plus proches : un papa qui drague Lorna et une fifille, Mary Ann, qui fait plus que draguer Billy.
Parallèlement, nous faisons connaissance avec le méchant de service, Mr. Roach, dont l'emblème est évidemment une blatte. Cet homme qu'on imagine très riche et très puissant, et qui emploie comme "femmes de main" deux pulpeuses créatures vêtues (assez peu) de vynyl noir, est confiné dans un fauteuil roulant depuis un accident. La seule chose qui pourrait lui rendre sa mobilité, c'est… je vous le donne en mille… le sérum dont au sujet duquel il était question tout à l'heure. Pour cette raison, il emploie l'ancien assistant du savant du début, qui ne parvient pas à retrouver la formule. Mis au courant de l'existence de Billy, lequel possède évidemment un stock de pilules miracle, il lance ses séides à la poursuite du jeune homme.
Il ne faut pas bien longtemps à Roach pour comprendre que Lorna et Billy éprouvent l'un pour l'autre des désirs n'ayant pas grand chose de maternel ou de filial. (Plus longtemps qu'au spectateur, quand même, qui s'en rend compte dès le premier regard que jette Shannon Tweed aux biscotaux de son beau-fils). Comme il se trouve que l'effet du sérum peut se transmettre par contact sexuel (mais pas par le sang, on nous l'explique bien. Euh… ???), un plan machiavélique germe dans la tête de Roach.
Bon, je vous passe les détails. Au terme de poursuites et de bagarres diverses, il finit par capturer Lorna. Là, en lui parlant le langage du tentateur et en la faisant cajôler par les deux ténébreuses, il finit par la retourner de son côté avec la promesse qu'elle pourra se taper Billy. (On a droit à une scène de fantasme de Lorna, dans lequel elle tue Mary Ann à coups de hache — mais c'est à peine gore). Ce n'est pas follement bien expliqué, mais il semblerait qu'il lui inflige une espèce de traitement médical/lavage de cerveau qui en fait sa chose. En tout cas, elle se retrouve avec une blatte tatouée sur la cuisse droite. Billy, bien sûr, veut tenter de la délivrer. Laissant sa copine dans leur voiture, non sans lui avoir confié une gélule du précieux sérum pour ne pas risquer de se le faire piquer (et non sans qu'on nous informe qu'il possède d'autres gélules, emplies d'explosif, pour le cas où il serait capturé), il rentre dans la résidence de Roach, trouve presque tout de suite Lorna, et se fait évidemment droguer par elle. Lorsqu'il se réveille, il est allongé, garroté, sur une espèce de plate-forme. On lui annonce que Mary Ann a été capturée, elle aussi. Comme il refuse néanmoins de livrer la formule, Roach se rabat sur l'option sexuelle et le fait quasiment violer par ses femmes de main (là, se situe la seule vraie scène érotique du film, et elle n'est pas bien longue), mais comme il est gentil et vaillant, il résiste à leurs ardeurs. Roach congédie donc les filles en leur ordonnant d'aller tuer Mary Ann. Puis il fait entrer Lorna, qui est désormais vêtue d'un simple body noir, comme les deux autres, avec les bottes assorties et divers accessoires : on jurerait vraiment une super-vilaine de comics. Là, évidemment, Billy, malgré toute sa gentillesse et sa vaillance, est incapable de résister, et se fait bel et bien violer, ce coup-ci. (La scène est rendue assez ridicule, du fait que les deux partenaires sont habillés, mais bon : puisqu'on nous dit qu'ils baisent, c'est qu'ils doivent baiser). Apparemment, l'effet est instantané : devenue "Elektra", Lorna court rejoindre Roach, afin de lui transmettre à son tour le sérum, par la même voie.
Pendant ce temps-là, se sachant condamnée, Mary Ann prend la pilule que lui avait confiée Billy (sans blague ?) et devient elle aussi une super-nana, ce qui commence à faire beaucoup pour un seul film, mais bon. Quand les deux femmes de main arrivent pour la buter, ce sont évidemment elle qui y passent : elle arrache le coeur de l'une d'elle et le balance dans la bouche de l'autre, qui s'étouffe avec juste assez longtemps pour se faire achever. Ça a l'air gore, raconté comme ça, mais en fait, c'est très bon enfant, comme scène. Plutôt rigolo qu'horrifique et, je crois, volontairement.
Notre super-héroïne va vite libérer son Billy chéri, et tous deux se mettent à la recherche de Lorna/Elektra et de Roach, qu'ils trouvent en train de jouer la bête à deux dos (mais toujours habillés, eux aussi.) Avant que l'orgasme fatal n'ait fait de Roach un super-machin de plus, l'étreinte maléfique s'interrompt. Tandis que Billy poursuit l'infirme qui détale dans son fauteuil roulant, Mary Ann s'attaque à Elektra. Soit on nous avait caché qu'elles étaient toutes les deux des maîtresses du kung fu, soit elles ont suivi un cours accéléré, mais ça castagne sec, rien à voir avec le "catfight' traditionnel. En outre, la méchante lance des décharges électriques (faut bien justifier son nom). Pourquoi exactement le sérum lui a conféré ce pouvoir, à elle et pas aux autres, n'est jamais expliqué, mais à ce stade, on s'en fout pas mal.
Pendant que les deux belles se bastonnent, Billy rattrape Roach, qui s'est coiffé d'un joli petit casque à l'air achtement à la pointe du progrès et qui s'est installé dans son fauteuil roulant de course, avec lances-flammes et mitraillettes incorporées, armes dont il fait usage dans la plus pure tradition des Marvel Comics. (Tradition voulant aussi que le héros ne soit pas touché par le moindre projectile, évidemment.) Les deux combats se déroulent en parallèle. Mary Ann, réussit à attacher Lorna, qui lui fait alors un coup d'enfer : découvrant encore un pouvoir supplémentaire, elle se transforme en la maman de la gentille (dont on sait qu'elle a foutu le camp ou qu'elle est morte deux ans auparavant, c'est pas clair) et lui fait le coup de "Ma petite fille chérie, tu vas bien me délivrer !". Comme une pomme, l'autre n'a rien de plus pressé que d'obéir, et se fait bien sûr aussitôt ouvrir la gorge à l'aide d'une espèce de griffe métallique brusquement poussée au bout du bras d'Elektra. Exit l'héroïne (croit-on).
Sur l'autre front, Billy se sent sur le point de perdre la partie, aussi tente-t-il de prendre une de ses pilules explosives. Mais Roach surprend son geste et la prend lui-même, croyant qu'il s'agit du sérum. Et boum. Y a plus de Roach.
Billy se précipite au secours de Mary Ann, trop tard hélas, mais ça ne l'empêche pas de démolir Lorna/Elektra (croit-on).
Sur ce Mary Ann se relève, la gorge intacte. "C'est le sérum qui m'a sauvée," dit-elle. Bon, pourquoi pas ? Mais alors pourquoi est-ce que ces deux crétins ne pensent pas une minute qu'il pourrait aussi sauver Elektra, hein ?
Bref, ils s'en vont la main dans la main et la zigounette dans le pilou-pilou (hors champ) vers le soleil levant.
Et évidemment, zap sur le visage d'Elektra qui ouvre les yeux et se met à hurler : "Je te retrouverai, Billy ! Je t'aurai, Billy ! Ah ah ah ah ah ah ah…" Et vlan ! panneau annonçant "Elektra II, The Second Coming". (Quelqu'un a vu ça quelque part ?)
Ce film est d'une telle crétinerie jouissive, tout en étant honnêtement réalisé et interprété, que je ne peux qu'en conseiller la vision à tous les amateurs de nanars.