PULSIONS PRIMAIRES

Genre : aventures mystico-physico-karatesques

Fiche technique

Revue : Docteur BIS

Vous l'attendiez tous (N'est-ce pas ! N'est-ce pas ???) ), voici la suite de notre grand feuilleton : LES AVENTURES DU DOCTEUR BIS DANS LA JUNGLE DU VIDEOCLUB DE LA MORT QUI TUE (Troisième épisode)

Hé oui, en période de folie Olympique bientôt suivi de délires fanatiques sur le Dieu-bagnole dont on célèbre la grande messe, il est temps de se remonter avec un bon nanar bien ambré.

Avec ce soir, jubilatio jubilationnis, pour votre plus grand plaisir, notre film :

PULSIONS PRIMAIRES !

(Mordez un peu le titre qui tue !)

Le générique comprend Olivier Gruner, l'ex-champion d'art martiaux qui profita de la vague post-Van Damme pour devenir acteur ; ce qui est un fort indice de nanaritude, vu sa filmographie, qui comprend néanmoins l'excellent " Nemesis ". Avec Avi Nesher dont nous parlâtes précédemment en cette liste aux commandes, là, on fait un triple saut périlleux arrière retourné de la zone Z à la zone B et on se reçoit en douceur, car celui-ci a usiné beaucoup de films sympa : le sous-estimé " Doppelganger ", " Timebomb " où le toujours bon Michael Biehn se découvrait des dons cachés de tueurs (thème maintes fois repris, film maintes fois pompé) puis des direct-vidéo plus que compétents, tel l'étonnamment bon " Sabotage " avec ce même Grüner et Tony " Notre Candyman à tous " Todd.

Dont acte : l'écran s'allume, à partir de là, on est en droit de rêver. Magique ! L'ensemble s'ouvre sur "Amazing Grace" chantonné par une damoiselle, ce qui la situe d'office parmi les Bons. Donc notre héros au doux nom d'Alex Verne (Elle peut donc parler de lui en disant " Mon Jules ") vit un bonheur champêtre avec sa femme et son gamin. Tout va bien dans la cambrousse, le soleil brille, les oiseaux chantent et les mulots pètent, mais on se doute qu'on est pas dans " La petite maison dans la prairie "; donc arrive un Méchant à peine aperçu qui tire sur Alex, massacre la femme à coups de sabre, bat le chien, vide le réfrigérateur, bref, fait tout ce que fait un Méchant normalement constitué, même si on se demande un ch'tit peu d'où il sort. Et paf ! Deux ans plus tard, dit le traditionnel carton. Alex fait son Michael Myers dans un établissement psy où il est en état catatonique depuis 2 ans. Or il se ranime en entendant "Amazing Grace", ce qui prouve que même en catatonie, il reste un patriote dans l'âme (insérer salut militaire) et d'ailleurs fichtrement en forme, on a dû le traiter avec ces électrodes qui font du sport à votre place. Donc Alex s'enfuit, pourchassé par deux lumières rouges et un vague bruit de sirènes, puis Dieu sait comment, se retrouve dans le désert. Là, il trouve une grotte préhistorique aux dessins évoquant des graf' tout récents dans votre cage d'escalier. Avant de se prendre pour Jim Morrison version Olivier Pierre et de voir des Indiens tout partout, il régresse et chasse le lapin, bref, démontre qu'il a beaucoup vu Elmer J. Fudd, heu, pardon, "La guerre du feu". Il est alors assailli par une lumière bleue et, puis voit un spectre lumineux façon "X-files" qui l'exhorte à la vengeance à grand renfort de citations de l'Ancien Testament, ce qui ne rajeunira personne (Mais de qui doit-il se venger ??? Bonne question ! La lumière bleue a dû oublier ce petit détail.) Après un gros Morphing velu qui lui donne une tête d'homme préhistorique, il se retrouve avec des gros mumuscles partout partout. Bref, il devient Olivier Gruner, quoi...

On enchaîne donc avec une patrouille de flics dont l'un utilise un casque virtuel, ce qui semble démontrer qu'on se situe dans un univers futuriste, bien que rien ne l'ait établi et surtout pas les deux flics, aussi crétins qu'à notre époque et celles qui les ont précédés. Ils percutent donc notre Alex, qui ressemble de plus en plus à un extra de "La Guerre du feu", avec dialogue genre " Groumph " et " Onkr ", ce qui est à peine au-dessous des répliques des flics en question, choisis pour leur estampillage " Abruti congénital ". Lorsqu'on l'emmène au commissariat, il semble activer un système de sécurité hyper-sophitiqué (2 écrans et un bipeur) qui dérange une dame toute nue. Elle doit donc prévenir son QG, au grand dam de son amant avec qui elle effectuait le signe du serpent à double bosse ce qui prouve que c'est une Méchante probablement doublée d'une salope, ou l'inverse, selon l'article 33 bis alinéa ter du Code Immuable de la Série B qu'elle repousse d'une baffe qui écraserait peut-être un moustique pas trop costaud. Une fois habillée, la femme toute nue va trouver un magnat des réalités virtuelles qui semble tout savoir d'Alex. Quel rapport, me direz-vous ? Aucun jusqu'à présent. Surtout qu'un méchant aussi bien organisé aurait du 1)s'assurer de l'avoir tué la première fois, 2) l'avoir retrouvé dans l'asile au lieu d'attendre qu'il s'évade, et 3) avoir une idée un peu plus nette de ce qu'il veut exactement parce qu'on s'y perd un peu. Pouf, pouf. Entre-temps, Alex est jeté en prison et tombe bien sûr sur des brutes, c'est normal (Tout le monde sait que dans chaque prison US, il y a TOUJOURS un immense noir nommé Bubba qui, dès qu'il voit le héros, décide immédiatement d'en faire du steak tartare ; Article 24 alinéa ter de Code Immuable de la Série B). Il fait donc ressortir ses pulsions primaires Heu ! C'est le titre ! Z'avez vu comme c'est bien amené ? ‹ pour tabasser Bubba et ses potes et s'évader (seconde édition.) Ce qui permet au Méchant on le sait puisqu'on l'a vu dans la caverne d'envoyer des perles de dialogue du genre "Il ne possède pas d'arme, il est une arme", ce qui prouve que lui aussi a vu beaucoup de mauvais films ou lu le CISB.

Alex se coupe les cheveux (TRES mauvaise idée : on dirait qu'un raton-laveur s'est posé sur son crâne) et vole des vêtements pour ressembler à Schwarzou dans "Terminator" pendant que le Méchant en chef, à la tête de la corporation Titan, lui envoie ses troupes de choc principalement composée de Hell's Angels (Article tombé en désuétude du CISB : les Bikers sont TOUJOURS les méchants), puis de tireurs capables d'ouvrir le feu dans une boîte remplie de monde pour le choper, vu qu'on ne leur a pas précisé "discrètement"). De toute façon, qui a vu "TimeBomb", déjà cité un peu au-dessus, a déjà une petite idée du dénouement. Alex constate donc que Titan a acheté son ancienne ferme et décrète donc qu'il y a cachalot sous gravillon. Pour pimenter le tout, la femme ex-toute nue (FETN) échange des dialogues incompréhensibles avec le directeur de Titan, qui redoute qu'Alex ne vienne se venger. Dieu sait pourquoi, le fait qu'Alex protège une jeunette qui s'avère très vite être une fliquette devient la preuve infaillible de sa vulnérabilité. Ergo, il va donc certainement chercher à la revoir, oubliant sa vengeance au passage. Cela semble plus que capillotracté, mais ils ont dû voir le film, puisqu'il le fait, le bougre ! et, au passage, effectue une séance de saut à l'élastique sans élastique (Article 12 alinéa deux du CISB, qui fut piraté par le CISA). Burroughs, puisque c'est le nom du Méchant, profite du délai pour montrer à la FETN un homme de Cro-magnon détenu dans une matrice évoquant toujours "Time Bomb" qu'il a trouvé dans une pochette-surprise et grâce auquel il compte retrouver l'éden mythique, ou l'atlantide, ou un univers virtuel conçu par des singes et qui lui permettra d'accéder à l'immortalité, ou le sens de la vie, ou la combinaison gagnante du loto, ou... (Heu... j'ai pas tout compris là. Mais à voir sa tête, la FETN non plus, ou alors elle n'avait pas lu le scénario.) L'arrivée du Sauvage (Alex le titre original du bouzin étant " Savage ") les précipite donc à faire on ne sait pas trop quoi qui implique de savants calculs ("delta au carré" dit la FETN), des lumières bleues et plein de carrés et de triangles partout partout. Alex-le-sauvage préfère donc aller sauver la fliquesse, détenue par un vilain-pas-beau manieur de rasoir avec une mèche blanche à la Elsa Lanchester. Pendant que ALS affronte les méchants, ils font exploser une bombe qui ravage l'appartement de la fliquette qui, bien sûr, s'en sort (Article 35 alinéa ter du CISB : lorsque le méchant pose une bombe chez le héros, il se retrouve SDF, mais elle pète TOUJOURS après qu'il soit sorti chercher une baguette de pain ou, s'il s'agit d'une héroïne, après que le Z'héros ait fait des pieds et des mains pour la prévenir, d'où suspense velu.) Alors qu'arrivent les pompiers et la police, qui devaient tourner dans le quartier en attendant qu'une bombe éclate, ALS profite d'une autre explosion (Qu'on entend, mais ne voit pas, ce doit être du virtuel ; le CISB n'en parle pas) et disparaît. Inutile : en entrant chez Titan par la même grille d'aération qu'ils ont oublié de réparer entre-temps, il tombe sur la fliquesse qui, elle, a dû prendre la porte. (Et comment savait-elle ou le retrouver ? L'intuition féminine sans doute.) D'autres flics aussi les attendent à la sortie, cherchant un prétexte pour abattre ALS, ce qui prouve que Titan a de vraiment bons amis dans la police, vu qu'ils sont une vingtaine. En fugue avec la fliquesse, seul contre tous, il décrète "Harrison Ford l'a fait, pourquoi pas moi" et retourne là où tout a commencé, à Spirit Rock. Grâce à la voiture d'une amie qui a confié les clés à la fliquesse ce qui prouve que c'est bien de la SF ils s'y rendent bel et bien, mais le méchant aussi, pas fou. Enfin, si, mais pas idiot. Il explique à la FETN pourquoi le massacre raté initial : il voulait s'approprier les terres d'Alex, confluent de forces psychiques. "C'est trop New Age pour vous ?" lui demande-t-elle. Sans commentaire. En attendant, il lui montre une porte qui, grâce à un code électronique qu'il aurait pu actionner des années avant, mais il a préféré attendre le moment psychologique, s'ouvre sur... bon, je vais pas tout vous dire quand même, mais nos héros réussiront à sauver le monde d'un cataclysme énoncé par la voix d'un commentateur sportif quelconque. Jusqu'à une image finale où, un bref instant, Grüner devient bel et bien David Carradine ("Regarde, petit scarabée...") Comme on le voit, dans cette histoire, quelqu'un a gaillardement fumé la moquette avec ce mélange de physique, de New Age, de mysticisme, jetez tout par terre, on fera le tri. Au fonds, avec un gros budget, ce scénar aurait pu donner une mécanique à la " Hollow Man " même en gardant les invraisemblances, Hollywood n'en est pas à ça près mais le budget serré lui donne encore plus de cachet. En tout cas, le rythme soutenu fait qu'on ne s'ennuie pas l'ombre de la photocopie du fantôme d'une seconde. Quelques morts, fusillades, poursuites, etc. Pas une goutte de sang. Un méchant qui pourrait être du genre savant fou s'il disait enfin ce qu'il veut vraiment. Une demoiselle toute nue, plutôt belle à voir, ce qui est toujours un plus. Des perles de dialogues goûtues.

Une tête d'homme préhistorique. Plein de méchants avec des têtes de pizza aux poivrons. Du kung fu, du sabre fu, du ciseau fu (vu la façon dont il se coupe les cheveux, c'est assimilable à un acte de violence), du New Age fu, du FETM fu, du flic fu, un savant fu.

Prescription du docteur : Fortement recommandable aux nanarophiles estampillés, seul ou en groupe, cette dernière condition étant TOUJOURS préférable, ne l'oublions pas.
Probabilité de 6 sur l'échelle du film-cultomètre, diminuée par la version pan&scannée (Un VRAI nanar en condition cinéma est toujours plus gouleyant. Quoique, c'est valable pour tout film, nanar ou non.)
Taux de fidélité au CISB : 7.
Taux de prise au sérieux par les créateurs : 2.
Effets secondaires : une forte proportion de bouches bées, de grattage de têtes attention à la calvitie précoce, on ne le dira jamais assez et d'yeux écarquillés pour qui tentera de comprendre vraiment ce qui se passe. Absorption d'alcool non indispensable.

Avertissement du docteur : une vision additionnée de substances prohibées peut avoir des effets secondaires, tels que d'enfiler un sari, chercher des champignons hallucinogènes dans des cavernes éloignées et prendre la position du lotus en marmonnant des perles de sagesse aux moments les plus inopportuns. Déconseillé aux âmes facilement impressionnables. Rappelez-vous, sans une éternelle vigilance, cela peut arriver chez vous.

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