Komodo

Genre : campagne ratée pour le WWF

Fiche technique

Revue : Pen of Chaos

Le film commence avec une scène classique : réception d'une caisse par un trafiquant d'animaux dans un port exotique quelconque. "Je ne sais pas ce qu'il y a dans ces oeufs, missié"
"Pas grave, je les prend tous, mais gratuitement"
Le type monde dans sa bagnole et roule en écoutant Dire straits, puis, passant dans la forêt il s'arrête, ouvre sa portière, prend la caisse d'oeufs et les balance sur la route. Apparemment y'en a un pourri dans le lot.

Le public se dit : tiens, c'est le moment où il abandonne les oeufs qui vont faire de vilaines bêtes ! Le public malin se dit : des oeufs sur la route ? trois voitures qui passent, deux fouines affamées et il n'en restera plus qu'un mauvais souvenir.

Mais c'est plus vicieux que ça, on l'apprend plus tard. En fait l'homme en voiture a réussi, on ne sait comment, à traverser une étendue d'eau pour se rendre sur une île déserte et inconnue, là il s'est arrêté et a jeté les oeufs dans un marais, puis il est reparti en sifflotant. C'est certainement mal filmé parce qu'on est loin de se douter de tout ça, et surtout on ne comprend pas dans quel but cet individu (vil, au demeurant) a la foutue idée de faire ça.

Passons.

19 étés plus tard, nous dit le sous-titre. Un gamin en vélo roule sur fond de musique "voici le héros qu'on vous présente enfin". Il part en vacances sur l'ïle avec ses parents, et un gentil passeur l'emmène sur l'île et on sait déjà que ce sont de super potes.
Le gosse rejoint le joli chalet perdu au milieu de la jungle et dans lequel nul insecte ni reptile ne s'est installé en l'absence des gens, normal. Avec ses parents, un couple bête et sans prétention, il s'apprête à passer des vacances.
Ils partagent l'île avec une compagnie pétrolière.

En toute logique, le gamin part à la chasse dans le marais. On ne sait pas ce qu'il chasse remarquez, car il utilise comme appât un mini-varan de 40 cmn au bout d'une corde (mais d'une autre espèce). Tapi dans les herbes, le visage inexpressif, il attend...
Vient le moment obligé où une violente secousse lui arrache son appât des mains. Il ramène un bout de corde ensanglanté... mais son visage est toujours aussi inexpressif. Je commence à entrevoir les perspectives nanardesques de ce film à ce moment précis.

Puis tout va très vite : le gamin soudain affolé se promène dans les herbes hautes, et une bête énorme lui englouti le pied pendant que ses parents, paniqués, crient son nom car la nuit tombe. Là je me dis que je me suis peut-être trompé, si le gosse meurt maintenant ce n'était pas le héros et donc c'est original.
Mais il arrive un truc super. En fait le gamin ne regarde pas ce qui lui mord le pied (vous avez le pied pris dans un truc, vous n'avez en toute logique aucune envie de regarder ce qui vous broie). Il sautille un peu en criant le nom de ses parents et se dégage. ET TOC !
Puis il part en courant, car il n'a pas mal, en fait il chassait avec des pompes de ski, c'est la seule explication.

Fuite dans les marécages. Il parvient à la maison, suivi de près par son petit chien. En fait je ne vous ai pas parlé de chien pour garder le suspense. Là il se réfugie dans la maison, son chien est bouffé, ses parents sont bouffés devant ses yeux et on ne sait toujours pas par quoi. Une grosse bête ?
Fin du second acte.

Puis on retrouve notre chasseur en compagnie de deux femmes, longtemps après mais on ne sait pas combien. L'une est sans doute de la famille, l'autre est sa psychologue. Il a subit un choc le pauvre petit, quand ses parents ont disparu.
La psy décide de les emmener en pique-nique sur l'île pour faire retrouver la mémoire au gamin.
Pendant ce temps on apprend que la compagnie pétrolière dont le directeur est un salaud véreux a pris le contrôle de l'île, que deux types genre baroudeurs-contrebandiers-cowboys parcourent en 4x4 en chassant le lézard. Fin du troisième acte.

Alors ensuite, c'est du classique, réglé comme une horloge comptoise.

Les femmes et le gamin s'installent dans le chalet, on a droit a des conversations psychologiques, puis l'une d'elle se fait dévorer parce qu'elle a entendu du bruit dehors et qu'elle sort se battre en chemise de nuit. On voit enfin la bête dans toute sa splendeur.
Le varan de Komodo est un animal normalement tout sec, comme la plupart des varanidés, comme la plupart des lézards. Ceux-là sont luisants et gluants de bave de la tête à la queue. Une nouvelle espèce sans doute née des retombées toxiques de la station de pompage.
Ils sont terriblement gras alors même qu'ils n'ont rien à manger dans l'île (y'a un type qui le dit à un moment : il n'y a plus rien de vivant dans l'île à cause de la pollution). Ils tendent des embuscades, se cachent derrière des piles de linge et mordent les gens à la gorge alors que leur tête arrive au niveau des genoux. Bref, ils sont crédibles.

Fuite de la psy et du gnare avec une excellente séquence de démarrage de voiture avec cherchage de clé, tremblements qui empêchent de mettre la clé dans la serrure, attaque et défonçage de la voiture par l'ennemi pendant qu'on tente de démarrer, cris histériques, peur panique qui fait finalement fonctionner la voiture qui part en traînant un varan qui entrait par le coffre.

Rencontre avec les baroudeurs qui les protègent mais le directeur veux les éliminer et refuse d'envoyer des secours. Bien entendu personne n'a un téléphone portable (à part un gars dans la salle de ciné qu'on a failli baffer). On retrouve en même temps le gentil passeur qui s'est fait bouffer sur la route mais qui n'est pas mort (que faisait-il là en pleine nuit ?).

On apprend ainsi que le varan a la gueule pleine de bactéries gangréneuses, ce qui est l'unique vérité du film.

Fuite vers les bâtiments ravagés comme dans Jurrassik Park. On traîne un blessé mais certains veulent l'abandonner. Le gamin s'enfuit. On ne peut plus l'aider, laissons-le sinon on va tous mourir !

Là, c'est la séquence "les animaux se cachent dans le décor et vont vous tuer un par un". Ils en tuent peu quand même, et on arrive vite vers un final grotesque où le gamin tend des pièges avec des cordages pour attraper les monstres, torse nu comme rambo. Et oui, il est vivant ! La psy fait ce qu'elle peut pour servir de fil rouge entre les différents personnages qui sont déprimants (et déprimés), puis le directeur arrive en hélicoptère avec deux sous-fifres pour reprendre le contrôle de la base.

Un des cow-boys, blessé, s'empare de l'hélicoptère sous leur nez. Et à ce moment regardez l'expression du directeur, pendant qu'on lui vole son hélico en le condamnant à rester coincé avec les monstres, c'est époustouflant. L'acteur ne sait pas quel visage composer alors il SOURIT ! Puis il fait un signe mou de la main, qui devait être à l'origine un geste rageur.

L'hélico récupère les deux survivants puis ils rentrent au village, et là ils vont s'asseoir dans un caniveau.

Est-il nécessaire d'en dire plus ?

C'est déplorable, et à peine drôle. :)

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