Teenagers from outer space

Genre : homard à l'américaine

Fiche technique

Revue : Michel Pagel

Oui, bien sûr, les acteurs sont pour la plupart assez mauvais. Oui aussi, les effets spéciaux sont tous parfaitement nuls, mais il n’y en a pas beaucoup. À côté de ça, cependant, nous avons une bonne petite histoire, bien racontée, qui semble tout droit sortie d’un vieux numéro d’Amazing Stories. Un vaisseau spatial débarque sur la terre avec à son bord les teenagers du titre. Ils ne sont pas là pour envahir mais à la recherche de verts pâturages destinés à leurs animaux domestiques, les « gargans » (lesquels ressemblent furieusement à des homards ; d’ailleurs, ce sont des homards), bêtes aussi dangereuses que savoûreuses qui détruiront impitoyablement toute vie sur la planète les accueillant. Nos aliens vivent sur un monde déshumanisé, où les enfants ne connaissent jamais leurs parents ni leurs frères et sœurs, et dictatorial. L’un d’entre eux, cependant, sensibilisé par la lecture d’un livre interdit, se rend compte que la Terre est habitée par des créatures intelligentes et se rebelle contre les autres. Le vaisseau repart vers la planète mère afin d’annoncer qu’il a trouvé une planète hospitalière pour les homards, laissant derrière lui notre héros (Derek) en fuite ainsi qu’un autre membre de l’équipage (Thor), nettement moins sympathique, chargé de le récupérer, au besoin en le tuant et en supprimant quiconque aurait communiqué avec lui.

Tous deux arrivent donc l’un derrière l’autre dans une petite ville américaine paisible, où le premier se fait des amis, tombant même amoureux de la jolie Betty, alors que le second entame un joyeux massacre, tuant quasiment tous les gens qu’il rencontre. Il faudra donc, dans l’ordre, mettre Thor hors de combat, détruire le homard géant témoin abandonné par le vaisseau spatial puis, au retour de ce dernier, accompagné d’une flotte bourrée d’autres homards, réduire à néant le projet de colonisation fermière des aliens. Toutes ces tâches seront menées à bien par Derek et sa petite amie, notre héros allant jusqu’à faire le sacrifice de sa vie pour sauver sa planète d’adoption, snif, c’est triste, la fin.

Alors, parlons un peu des effets spéciaux. Il y en a trois. 1) L’atterrissage des vaisseaux spatiaux ; c’est le moins raté du lot mais on sent quand même le petit budget. 2) L’effet du pistolet désintégrateur. On s’est pas emmerdé : un plan sur la victime, un plan sur le pistolet qui émet de la lumière, et hop ! un plan sur le squelette résultant. Squelette visiblement en plastique. Sur le plan de la crédibilité, c’est moyen. Sur celui de l’intensité dramatique, c’est nul. 3) Le homard géant. Là, on frôle le ridicule, quand même. On a pris un homard normal et on a intégré son image grossie (et en négatif, apparemment) dans le film. En outre, on a fait ça n’importe comment, si bien qu’il a tout à fait l’air d’être là où il est vraiment, à savoir ailleurs.

Mais foin de ces petits détails : l’action est rondement menée, sans temps mort, le scénario est parfaitement logique – à défaut d’être crédible – et malgré le jeu approximatif des acteurs, on finit par s’attacher aux personnages. Pour peu qu’on laisse son cynisme au vestiaire, le film se regarde de bout en bout avec grand plaisir, un peu comme un épisode d’Au-delà du Réel.

Ah, si, quand même, une chose : le titre est mensonger. Outer Space, certes, mais de Teenagers, point. Tous les personnages ont à vue de nez entre 20 et 30 ans. Cela dit, si on devait démolir un film sur pareil critère, y a pas mal de slashers modernes qui passeraient à la trappe.

Bref, si vous avez l’occasion de voir Teenagers from Outer Space, ne fuyez pas. Vous pourriez tuer une heure et demie de manière nettement plus stupide et déplaisante.

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