Blood Surf
Genre : monstre inattendu
Fiche technique
- Krocodylus, 2000
- Réalisation : James D.R. Hickox
- Scenario : Sam Bernard & Robert L. Levy
- Texte d'accroche : blood surfing... it's new, it's extreme, it's deadly...
- Avec Dax Miller, Taryn Reif, Kate Fischer, Duncan Regehr, Joel West, Matt Borlenghi...
Revue : Frank Van Cant
Avec un titre pareil, l’amateur s’attend à un film d’horreur et il a droit à un film horrible. Ca commence très fort. Que je vous expose l’exposition, vous allez comprendre. Deux surfeurs –un blond et un brun abruti, faut ratisser large - (avec un cerveau de surfeur pour deux), une journaliste indépendante (avec l’intelligence d’une journaliste télé) et un producteur (subtil comme un banquier) débarquent dans un village paradisiaque avec l’idée, si j’ose dire, de se faire un max de pognon avec un film sur un sport extrême particulièrement crétin : le blood surf. Il s’agit de balancer un seau de tripailles sanguinolentes à la mer pour attirer les requins, de s’égratigner la peau pour saigner, puis de faire la course sur sa planche de surf avec les squales déchaînés. Cette bande d’abrutis sont nos héros. Je sens qu’il va être difficile de sympathiser...
Après une petite démonstration de blood surf, (que les amateurs en profitent, parce que malgré le titre, on ne surfe point beaucoup dans ce nanar), notre équipe d’abrutis se met en quête d’un bateau pour rejoindre l’île où ils veulent tourner leur chef d’œuvre. Le blanc qu’ils approchent refuse et les voilà bien obliger de se rabattre sur un bateau piloté par un indigène, sa femme et sa fille. A peine prennent-ils la mer qu’ils sont témoins d’étranges phénomènes : les requins autour du bateau explosent littéralement dans un bouillonnement sanglant. Et quand je dis « explosent », c’est un euphémisme.
Ils arrivent sur l’île, les touristes vont se balader, la petite indigène se tape le surfeur blond (c’est d’ailleurs la seule demoiselle que l’on voit nue et elle n’est visiblement pas blanche. Je vais lâchement en profiter pour signaler que le film est sud-africain, mais ceci n’a sans doute rien à voir avec cela). Puis elle va faire ses ablutions et se fait bouffer par le croco. Ca lui apprendra. Le croco ayant goûté fifille, va attaquer le bateau, le coule et croque papa/maman. Sans doute un partisan du regroupement familial.
D’où sort ce crocodile d’eaux salées (je ne suis pas franchement un spécialiste es sauriens, mais je m’interroge sur cette caractéristique de la bébête...) de près de 10m (31 pieds – celui de Lake Placid faisait 30 pieds, un hasard probablement...) et qui tue pour le fun... ? Aucune importance, c’est dans le script ! Un crocodile aux yeux bleus et qui a l’air très caoutchouteux, qui, malgré ses 31 pieds annoncés, change de taille au gré des prises et est paraplégique (ses membres ne bougent jamais à l’écran !) même s’il se déplace beaucoup...
Notre équipe de cinglés s’enfonce dans la jungle, tombe sur des pirates (ah ces pays exotiques et leurs drôles de coutumes) qui les embarquent sur leur vaisseau. Qui dit bateau, dit attaque du croco. Tout le monde meurt, sauf les blancs qui en profitent pour cavaler, les lâches.
Et voilà qu’apparaît le bateau du mec qu’avait refusé de les emmener au début du bouzin. Tout le monde est sauvé, tout le monde est content et tout le monde embarque. Sauf le capitaine du bateau qui veut absolument tuer le croco parce que se sale saurien lui a déjà bouffer une cargaison de touristes précédemment. Les scénaristes ont des lettres (en dehors des trois lettres bien connues) : nous avons droit à un mélange du capitaine Ahab et du capitaine Crochet. Donc chasse au saurien et c’est le saurien en caoutchouc qui gagne. Le bateau coule, le capitaine est proprement coupé en deux par la bête (très proprement, il ne reste que le buste d’un mec, ET CA NE SAIGNE PAS) .
Le producteur s’échappe en surfant du bateau et se fait avaler tout rond par le méchant saurien sous le regard indifférent de ses compagnons. Réellement indifférents. Même pas une remarque du type « Kenny est mort » dans South Park. Rien.
Ne restent en vie donc que le surfeur brun, la cameraman et la petite copine du ‘pitaine . Les filles sont très sexy dans leurs chemisettes mouillées et je me demande si on ne les a pas engagés pour ça... Et elles courent beaucoup, ce qui met tous leurs avantages en balance, si j’ose dire... D’ailleurs, pour arrêter le croco, à un moment, elles lui montrent leurs seins et CA MARCHE : le crocodile a soudain peur de l’eau (elle n’est pas assez salée, sans doute) Bon, toutes les choses ayant une fin, le crocodile bouffe la petite blonde copine anorexique du ‘pitaine, les deux héros survivants tuent le vilain croco et se roulent un patin et c’est enfin fini...
« Blood surf » est un de ces films où personne ne semble concerner : les scénaristes ne se préoccupent de donner un semblant de logique à leur histoire, le réalisateur ne réalise pas, les acteurs ne jouent pas, les personnages n’existent pas (la preuve : tout le monde ou presque se fait bouffer et les survivants ne s’en préoccupent pas plus que les spectateurs...). La seule victime qui est à plaindre est le spectateur. A moins qu’il ne soit bourré et en bonne compagnie.