La légende de Parva

Genre : dessin animé poussif

Fiche technique

Revue : Philippe Heurtel

Parva est née dans l’Himalaya au moment où un bloc de saphir percutait la Terre. Son âme ayant été façonnée par l’union du ciel et de la terre, elle est un être lumière, mais elle ignore tout cela. Dix-sept ans plus tard, elle est une banale étudiante européenne, jusqu’au jour où elle est victime d’étranges phénomènes. En plein cours, elle se voit nimbée d’une étrange lumière. Plus tard, elle est “happée” dans un site Internet représentant un palais oriental où un prince est prisonnier.
Tout bascule lorsqu’elle recueille un chien qui n’est autre que le Prince Shiva, enlevé par le maléfique Marlow et envoyé à elle par le “Swami”, un chaman qui connaît le secret de sa naissance. Parva devra affronter jusqu’en Asie les sbires de Marlaw lancés à la poursuite de Shiva.

Ce premier long métrage d'animation de Jean Cubaud (auteur de dessins animés pour la TV: Clémentine, Moi Renart) est l'adaptation d'une bande dessinée de Milo Manara, plus connu comme auteur de BDs érotiques. Une sorte de fantasy urbaine pour enfants (narration façon conte de fée par une voix off, qui par ailleurs explique certaines motivations des personnages) dont les aventures sont un peu dans l’esprit de Tintin ou du roman populaire de la première moitié du 20ème siècle (pays exotique, voyage en cargo, Prince prisonnier sur une île maudite, savant avec un accent allemand à couper à la machette,les méchants envoyés en Europe sont des méchants hindous en costume traditionnel...). Hélas, l’entreprise manque d’ambition à tous les niveaux.

Bien que faisant moins d’une heure et demi, ce métrage semble invraisemblablement long tant le scénario est linéaire et comporte bon nombre de péripéties gratuites qui n’apportent rien à la progression de l’intrigue. Quelques efforts auraient pu être faits pour renforcer la crédibilité de cette dernière. Parva, être de lumière, s’avère n’avoir rien de particulier sinon d’être “élue” et de foncer tête baissée dans les ennuis. Comment Marlaw retrouve-t-il le chien recueilli par la jeune fille? Peu importe, comptons plutôt sur l'accumulation de courses poursuites pour que ça ne se voit pas, et ajoutons des détails invraisemblables quand le scénario l’exige (Parva et sa copine n’ont pas de monnaie donc elles ne peuvent pas appeler la police depuis une cabine!).

L’intrusion de la magie, du merveilleux, dans un quotidien moderne et urbain aurait pu passer si un minimum d’effort avait été fait pour rendre crédible les réactions des personnages. Lorsque Parva est baignée d’une lumière tombée du ciel,ou que le chien/Prince guérit miraculeusement une aveugle et un paralytique, cela l’étonne un peu et étonne son entourage durant quelques minutes, mais sans plus. Et les dialogues pathétiques mis dans leur bouche de ces personnages-clichés (héroïne orpheline de mère et absorbée par ses études, bonne copine fêtarde, père pris par son travail, méchant caricatural, Prince bon et courageux...) n’arrangent pas les choses. Sans être mauvais, le visuel relève de l’animation TV améliorée. La profondeur des décors, les couleurs, le design des personnages, sentent soit le manque de moyens, soit le manque d’ambition artistique. Peut-être bien les deux. Quelques scènes ridicules viennent pimenter le tout, telles l’apparition de la défunte mère de Parva, nimbée de lumière, de roses et de nounours!

S’adresser aux enfants ne signifie pas qu’il faut les prendre pour des imbéciles. Un autre film français d’animation, Kaena, la prophétie, sorti la même année, faisait preuve d’une toute autre ambition.

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