Action immédiate

Genre : Coplan foireux

Fiche technique

Revue : Ludo

Comme promis, je me lance (pas toujours les mêmes qui bossent, non plus....) en abordant un style qui a (et je vous en sais gré) recueilli votre approbation : le nanar d'espionnage. Voici donc venir, sous vos applaudissements...."Action immédiate" une aventure d'un de nos plus célèbres agents secrets tricolores, j'ai nommé Coplan lui-même !

Quelques éléments de la fiche technique, en guise de hors d'oeuvre : ce film, qui date de 1957, fut réalisé par Maurice Labro d'après un roman de Paul Kenny. L'adaptation est de Frédéric Dard, lequel signe également les dialogues en compagnie d'Yvan Audouard et de Jean Redon. A noter la présence au générique d'un assistant-réalisateur promis par la suite à une belle carrière : Claude Sautet.

L'intrigue en elle-même est classique : un commando (mené par Lino Ventura) dérobe les plans d'une nouvelle arme (qui répond au doux nom de SB74) ainsi qu'un échantillon du métal révolutionnaire dont elle est sensée être composée. Il apporte le tout à son chef (ce bon vieux Jess Hahn et son accent reconnaissable entre mille) lequel s'empresse de revendre tout ça à une organisation nommée Cosmos qui propose alors de la revendre à la France (et le budget de l'Etat, alors ?) avec un beau bénéfice. Les services secrets français décident d'envoyer Coplan traiter l'affaire, mais il s'aperçoit que le gang dirigé par Jess Hahn a doublé Cosmos en gardant une partie de l'échantillon de métal et une copie des plans (ah les fourbes....) pour les revendre à un autre pays. Cosmos décide donc de mener sa petite enquète, après avoir rendu l'argent (honnêtes, eux au moins....) à Coplan, lequel décide d'enquèter de son coté. Et c'est parti pour quelques péripéties classiques : le comparse des vilains, démasqué par Coplan, a droit à un vol plané sans parachute depuis le 2ème étage de la Tour Eiffel (avec l'aide, il est vrai, de Lino Ventura)....Coplan et les membres de Cosmos se rencontrent alors qu'ils fouillent, chacun de leur coté, une maison sensée servir de repaire aux vilains....un de ceux qu'on croit être "bon" se révèle en fait être un traitre qui joue double-jeu....et même l'archi-caricaturale cachette pour les microfilms, allez on le dit tous ensemble : le talon de chaussure ! Bref, du classique de chez classique, le tout mené à un rythme parfois soporifique (préviyez quelques amis ou, au pire, du café bien fort) et entrecoupé, comme il se doit, de scènes au cours desquelles Coplan essaie (de façon ridicule, d'ailleurs, mais finalement avec succès....allez comprendre) de faire honneur à la réputation de séducteur qui accompagne tout bon Français dès qu'il va se promener hors de nos frontières.

Techniquement parlant, le film est réalisé dans un noir et blanc de belle facture, la musique (signée Georges Van Parys) est plutôt discrête et les cadrages sont simples mais efficaces, comme il sied à ce genre de film. J'ai gardé pour la bonne bouche quelques extraits dans lesquels Coplan (interprété par un Henri Vidal qui en fait des tonnes dans le genre "rigolo du village qui se veut drole") fait admirer sons sens de la répartie :

- son chef de service (alias "Le Colonel" comme dans tout bon service qui se respecte) lui recommande de prendre contact avec l'assistante de son contact à Zurich : "vous verrez, c'est une personne très intelligente" ce à quoi Coplan répond finement : "dommage, j'aurais préféré qu'elle soit jolie..."

- Coplan soumet un comparse des vilains (celui qui, un peu plus tard, fera le vol plané cité plus haut) à la question : "tu vas parler, dis ?" et reçoit pour toute réponse un "gghhheeuuuargllll" qui lui inspire ce commentaire : "t'as une belle voix, mais on comprend pas ce que tu dis..." le tout accompagné d'une mandale en pleine poire.

- un peu plus tard, il raconte ledit interrogatoire à son adjoint : "alors, il a parlé ?" "non... il m'a juste traité de salaud" "hum, physionomiste le gars...."

Rassurez-vous, malgré tout ça (et d'autres nanarismes espionneux que je vous laisse le plaisir de découvrir) tout finira par rentrer dans l'ordre : les méchants meurent, le traitre est démasqué, la France récupère son arme révolutionnaire (faut pas déconner) et Coplan quitte la scène au bras de la belle assistante. En résumé, un produit typique de l'époque et du genre, qui se laisse gentiment regarder sans être passionnant pour autant... tiré d'un roman dit "de gare", le film aurait pu se faire attribuer le même qualificatif si la SNCF avait pensé à équiper ses salles d'attente d'écrans de projections, mais il parait que ça nuisait à la rentabilité... dommage, ça aurait pu être sympa, en période de grêves par exemple...

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