Violent cop
Genre : y'a un rat qui rit
Fiche technique
- Sono otoko, kyobo ni tsuki, Japon, 1998, couleurs
- Réal : Takeshi Kitano (premier film en tant que réalisateur)
- Scénar : Hisashi Nozawa
Revue : Pen of Chaos
Il faut commencer par dire que j'ai bien aimé ce film, même si ses ingrédients nanardesques ont souvent réussi à m'en faire sortir. Kitano a son jeu d'acteur très personnel, mais si on y adhère on est forcé d'apprécier cette oeuvre qui lui fait la part belle.
Le film est un long métrage, mais l'histoire est ultra-short : Kitano, un flic violent (au moins, le titre ne ment pas!), lutte pour punir quelques criminels à travers une mini-intrigue mafia/drogue se déroulant dans un Japon sombre et corrompu par la pègre.
On ouvre sur une scène de violence urbaine, des jeunes qui tabassent un vieux clochard. Kitano, témoin de la scène, suit l'un d'eux et le moleste pour qu'il aille se dénoncer avec ses camarades de jeu. Le lendemain, petite prise de tête avec le chef du service, on plante ainsi le personnage : le flic dont les manières brutales ne sont pas du goût de tout le monde. Le flic arpente alors la ville, épaulé par un jeune premier qui a du mal à suivre ses méthodes. Ceci pendant, ma foi, assez longtemps...
Un collègues et ami présumé dealer est retrouvé pendu à un pont suite à une altercation de Kitaon avec des dealers affiliés à un gang mafieux qui semble-t-il fournissait de la came au "suicidé". Bien sûr on déclare l'affaire classée, on étouffe, mais Kitano enquête et tabasse quelques personnes, poursuit quelques affreux en ville, va jusqu'à menacer chez lui le Yakuza qui tire les ficelles. Sa soeur, une ex-junkie complètement barrée qu'il emmène parfois en promenade, est alors enlevée par les sbires du tueurs à gage. Kitano poursuit tout de même ses recherche, retrouve et blesse le tueur à gages, et finit par le débusquer dans son antre dans une grande scène de massacre, qui s'achève en laissant tout le monde sur le carreau, y compris lui-même et sa soeur.
La dernière phrase d'un Yakuza qui passait par là sera : "le monde est fou"
L'essentiel de l'oeuvre est crue, légèrement gore parfois, et chose assez rare pour être citée, il n'y a pas de réel "gentil". Pourri versus encore-plus-pourri. Le flic lui-même est assez ambigu car on sous-entend souvent qu'il fut lui-même corrompu, qu'il ferme les yeux sur des trafics, et son comportement en service est celui d'une crapule.
Une des raisons pour laquelle je chronique ce film ici, c'est principalement sa longueur. Tel un Rollin oriental, Kitano multiplie à outrance des scènes qui, à trop forcer, laissent à penser qu'on voudrait rallonger un film qui au départ était écrit pour 30 minutes. En tentant de faire peser l'ambiance, et bien... elle finit par peser !
Ainsi, les travelling seront systématiquement interminables, et chaque déplacement de personnage génère plusieurs minutes de film, pendant lesquels on essaie de comprendre quel intérêt cela pourrait donner à l'intrigue. Des scènes fixes s'allongent, que le manque de musique finit par rendre soporifiques.
J'ai noté aussi le manque d'instinct de conservation des personnages, qui meurent souvent d'une façon assez grotesque et sans vraiment donner l'impression de vouloir faire quelque chose pour sauveur leurs vies. Les scènes de combat à main nues sont assez molles, mais les gunfights, sans être acrobatiques, sont efficaces par leur grande froideur.
La musique parfois part complètement en live, et donne l'impression d'avoir été ajoutée sur le film par un type qui ne l'aurait pas vu, ou vu autre chose à la place. Si cette pratique peut être parfois efficace, dans ce contexte elle se révèle assez malvenue et accentue le parfum nanarifère se dégageant de l'ensemble...
Au final, c'est loooooooooooooong, mais il faut bien reconnaître que le film est dépaysant et parfois très efficace.