Creepozoïds

Genre : alien fauché

Fiche technique

Revue : Philippe Heurtel

Nous sommes dans le futur, en 1998. Oui, bon enfin, c'était le futur de l'époque, enfin vous voyez ce que je veux dire. Le monde est en guerre, les superpuissances se balancent des bombes nucléaires dans la tronche, et des pluies acides ravagent le monde. A quelques centaines de kilomètres de New Los Angeles, un groupe de cinq déserteurs cherche un abri, qu'ils trouvent (enfin, croient trouver, hé hé hé, mais je ne dis rien pour ménager le suspense) dans un ancien laboratoire de recherche. Le tout sur fond de musique électronique Bontempi de base, typique des productions fauchées des années 80.

En quelques plans et répliques, la "psychologie" (pouf pouf) des personnages est posée : Jake, le chef, est calme et réfléchi ; Butch est le dur, impulsif, qui n'a peur de rien ; Jess est l'intello (il porte des lunettes) ; Bianca la blonde est la nympho écervelée de service (la première chose qu'elle fait en s'installant dans le refuge, c'est de prendre une douche) ; quand à Bianca la brune, heu... elle crie et fait la cuisine. Aucun n'évoque un militaire, mais il est vrai que, guerre mondiale oblige, l'état-major a dû racler les fonds de tiroir ; le casting aussi, entre nous. Pas de doute, nous sommes dans une production estampillée "Torchenaves inside".

Le petit groupe s'installe, se restaure, Kate prend une douche avec Butch, puis tous partent explorer les lieux. Kate s'exclame : "Il vaut mieux ne pas se séparer". Enfin ils ont fini par comprendre ! Bon, c'est pas pour autant qu'ils vont survivre, mais au moins ils auront fait l'effort élémentaire.

Jess tombe sur l'ordinateur (qui ressemble à un gros Commodore 64, pour ceux qui ont connu, et qui fonctionne avec ces bonnes vieilles disquettes 5 pouces 1/4 ; comme quoi dans 20 ans, quand on verra des films avec des CDROMs et des DVD, on rigolera certainement du look rétro de nos films actuels). Il farfouille dans les fichiers, tombe sur l'éternel "Access denied", mais il comprend malgré tout que des chercheurs trafiquotaient l'ADN humain et jouaient avec les acides aminés. Et comme il a des lunettes, il sait ce que sont les acides aminés, contrairement à Jake qui confond avec acides "animés".

Laissé seul, Jess tombe sur le journal d'une chercheuse et comprend qu'une expérience a mal tourné. Nan, sans déc' ? Puis il entend un bruit et se faufile dans un conduit d'aération pour voir ce que c'est. Pendant ce temps, c'est une voix off qui poursuit la lecture du journal intime, vu que Jess n'est plus là pour nous faire la lecture. Rires. Bref, Jess rampe, met la main dans une flaque d'un liquide douteux, et tombe sur un monstre gluant style "Alien" (en plus fauché, hein...). En plus le film est un huis-clos vu que nos héros sont bloqués à l'intérieur par les pluies acides. Mais la jaquette nous a bien prevenu que "Les ALIENS ont disparu... Les CREEPOZOÏDS arrivent !", alors j'arrête d'être médisant : c'est pas un repompage d' "Alien" vu que c'est un CREEPOZOÏD, ça n'a rien à voir.

Ellipse. Le lendemain, Jake va chercher Jess, lequel se sent un peu patraque, pour le petit déjeuner. Et durant le repas collectif (comme dans "Alien"), Jess est pris d'un malaise, un peu comme dans "Alien", mais ça n'a rien a voir puisque la méchante bestiole est un CREEPOZOÏD, on vient juste de vous le dire, suivez un peu, sapristi. D'ailleurs, Jess n'accouche pas d'un monstre, il se contente de vomir un liquide noirâtre pas très ragoûtant, puis de mourir sous les cris stridents de Kate et Bianca (ou peut-être "à cause de", allez savoir...).

Kate analyse des tissus de Jess et trouve un taux anormal de protéines, ce qui tendrait à prouver que les chercheurs étaient parvenu à synthétiser des acides animés... heu, c'est assez fumeux, cherchez pas trop à comprendre (sauf si vous avez des lunettes). Puis Butch est attaqué par un rat géant, mais le spectateur rigole doucement car on voit bien qu'il s'agit d'une bestiole empaillée qui ne bouge que parce que la victime gesticule avec conviction (ha, il y a un peu de "Ed Wood inside", également...). Bon, les filles le soignent, puis il retourne à l'ordinateur avec Jake (hé oui, ils se SEPARENT. Je retire ce que j'ai dit précédemment : ils n'apprendront jamais. Soupir. Prenez les mesures pour les cercueils). Au passage, Jake demande à Butch si on lui a appris "à tirer d'instinct". No comment.

Bref, nos deux Pipo et Groucho sont attaqués par la créature, Butch est assomé et emmené par celle-ci (qui prend soin auparavant de détruire le Commodore 64, sans doute pour empêcher ses proies de jouer à Pacman, Ping Pong ou Space Invaders. Alors ça c'est pas cool, pas cool du tout. C'est là qu'on reconnait qu'un monstre est méchant. Un gentil creepozoïd, lui, aurait installé une extension mémoire, par exemple).

Pendant ce temps, les filles sont attaquées par le rat géant en peluche et Kate est salement amochée. Faut dire qu'elle l'a cherché : pourquoi diable se pencher pour regarder sous le lit si le rat n'y est pas, offrant ainsi sa gorge au monstre ?

Lorsque Jake retrouve Butch, ce dernier est aspergé de bave noirâtre, et meurt comme Jake. Un de moins, à qui le tour ? Hmm, les filles, peut-être ? Bingo ! Bianca est attaquée par Kate, qui est devenue une sorte de zombie depuis la morsure du rat mutant en peluche. A la suite d'un crêpage de chignon musclé, Kate meurt en vomissant la même bave noire que ses copains. Puis Bianca est attaquée par l'Alien, heu, pardon, par le CREEPOZOÏD, et meurt.

Jake se retrouve seul (vu le niveau de la bande, c'est peut-être mieux ainsi). Au cours d'une bagarre très ennuyeuse, mal foutue et peu crédible, il parvient à tuer la créature en lui injectant un truc avec une seringue. Mais un "bébé" -- enfin, un animatronique fauché (un anima-pas-assez-tronique, donc ?) -- s'en extrait (du creepozoïd, pas de la seringue) et attaque Jake. Re bagarre ennuyeuse, et encore moins crédible : Jake gesticule beaucoup pour faire croire que la bestiole pas assez tronique l'a pris à la gorge. Bon, il l'étrangle avec son cordon ombilical. Puis il s'en va, quittant ce lieu maudit. Et à la fin, tadaaa !, surprise, le bébé-CREEPOZOÏD se relève.

Bon, faut-il vraiment commenter ? Non, hein ?

Ha si, un dernier truc : je détiens la preuve ultime que CREEPOZOÏD n'a rien à voir avec ALIEN : lors de la scène finale, on ne voit pas l'ultime survivant du carnage en sous-vêtements. Ce qui, tout à fait entre nous, n'est pas plus mal.

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