Wishcraft

Genre : Morbus Gravissimus

Fiche technique

Revue : Docteur Bis

Hé, oui, le bon docteur s'est encore fait avoir à se fader un direct vidéo distribué par Dieu sait quel distributeur dans Dieu sait quel but... Une fois de plus, on dirait que n'importe quelle débilité a droit à sa sortie en salles tandis que les bons films restent inédits (Dagon...) ou sortent en vidéo. Bon. Un problème informatique fait que, lorsque vous lirez ce délire cinémaphilico-nanaresque où l'élégance nacrée du style le dispute à la fulgurance abyssale de l'analyse rigoureuse, le film en question aura déjà disparu des écrans après une carrière dont la fulgurance collerait la honte à un météore dans la force de l'âge, mais il n'empêche...

On notera le titre opportuniste qui mélange gaillardement "Wishmaster", inspiration principale semble-t-il du bouzin, et la série des "Witchcraft" qui en est à Dieu sait combien d'épisodes. Opportunisme, quand tu nous tiens... Même l'affiche est classique : des ados, une silhouette menaçante... Plus un slogan sur lequel je reviendrai : "Vous avez trois voeux ? Priez pour qu'il ne les exauce pas". Histoire d'enfoncer le clou sur la connection avec "Wishmaster"...

Bon, on s'en doute, on attaque dans la traditionnelle petite fac de la traditionnelle petite ville Américaine... Brett est le fort en thème de service, préféré du professeur Turner, et qui évidemment, se pâme pour la Claudia Chou-Fleur de la classe, Samantha, qui bien sûr, ne jure que par Cody, le champion de basket... Hé, revenez, on est pas dans un feuilleton TV ! (Tous en coeur : Ça te barberaaaaaaaa... Ou serait-ce de l'évèque productions ?) (Pardon, je voulais dire : AB productions.)

Pouf, pouf.

Premier indice de fidélité au Code Immuable de la Série B, Brett est affublé d'un "meilleur pote", Tony, fumeur d'herbe et particulièrement lourd, ce qui fait de lui le Rigolo-Tête-A-Claque de service. Particulièrement tête à claques d'ailleurs, malgré les efforts de l'acteur pour lui donner un côté envapé, mais on ne peut faire avancer un âne qui recule... M'enfin, le simple fait de devoir traîner avec un torchenave pareil suffirait à faire déprimer tout individu normalement constitué.

Au passage, on aperçoit les coteries du lycée en une scène pompée à "Comportement troublants", où elle était particulièrement réussie au niveau dialogue. Là, Tony parle de se fondre dans la masse (???), d'un côté des gros bras sportifs, de l'autre les fils à papa futurs Bill Gate (Retenez bien ce détail, car il n'aura plus aucune importance par la suite) et les Goths de service, désormais indispensable ; en une tentative de relever la sauce, l'un des gars de la bande à Cody (C'est à dire les GBC) nommé Jimbo, je crois, manque de se bananer avec un qui, je crois, est du clan des goths, ou peut-être des Sans Opinions. En tout cas, l'adversaire en question, assez relax d'ailleurs, a une sale gueule si outrée qu'il ne pourra que revenir par la suite. Je sais pas, en suspect ou kek'chose comme ça, puisque tel est le rôle obligé des Comédiens à Sale Gueule, selon l'article 5 alinéa 8 du Code Immuable de la Série B.

Bon, après quelques dialogues d'une nullité apoplectique, principalement proférés par le Tony en question, mais censés être drôles (...), on attaque avec l'élément fantastique : Brett reçoit par la poste un étrange totem censé accorder trois voeux. Un totem pas très beau à voir, donc. En un sursaut d'intelligence étonnant pour ce genre de film, il le fait analyser : il s'agit d'un pénis de taureau vieux de plusieurs siècles, ce qui fait gaillardement ricaner le RTAC de service et le spectateur des "Scary Movie". L'antiquaire est d'ailleurs prêt à la racheter un prix correct, mais Brett refuse. Pourquoi, puisque tout prouve qu'il n'y croit pas trop ? CDLS...

Soudain (Je dis "soudain" parce que le metteur en scène fait tout pour donner un côté subit à cette action : hop, on se réveille en pleine nuit et on fonce déterrer le précieux objet de son placard.), Brett décide d'utiliser le totem. En un trait d'humour réussi, il lui parle d'une façon assez respectueuse, comme à un être vivant. Bon, on sait bien que dans ce genre de films, lorsqu'on dispose d'un objet capable d'exaucer vos voeux les plus chers, on ne demande jamais la paix dans le monde ou de découvrir un remède contre le cancer. Non, notre Brett demande à ce que Samantha l'accompagne à la fête de la promotion, une de ces apocalypses rose bonbon dégoulinante de kitschitude qui semble obséder le torchenave moyen... Bravo pour un fort en thème au QI largement supérieur à la température relevée sous abri (Et vivement le printemps, d'ailleurs, parce qu'on se pèle velu, mais je m'égare au gorille...)

Bon, il ne faut pas être madame Soleil pour deviner ce qui se passe le lendemain...

Accessoirement, le Cody, toujours petit ami officiel de la Claudia Chou-Fleur locale, le prend très mal. on le comprend, car en fait, il apparaît qu'il l'aime réellement. or le personnage est montré comme assez déplaisant, voire méprisant. Ce qui pourrait entraîner des questions intéressantes : l'aime-t-il vraiment ? Ou est-ce le fait qu'elle s'éloigne de lui qui entraîne ce regain d'intérêt ? Mais non, il se contente d'enfiler un T-shirt : "Bonjour, je vais mourir à la fin du film" et de traîner avec les GBC en prenant l'air du monsieur pas content du tout.

En attendant, c'est le bal de la promo et Cody regarde de loin Samantha et Brett en bougonnant des trucs du genre "Je l'aurai ! Un jour, je l'aurai..." Evidemment, après le bal, la donzelle préfère qu'ils reprennent leur ancienne relation (C'est à dire qu'il lui fait ses devoirs, en gros, j'avais oublié de le préciser...)

Bon, c'est très bien tout ça, c'est même passionnant, me direz-vous pour peu que vous soyez particulièrement maso, mais quand est-ce que ça s'étripe ? Patience, petit scarabée...

L'un des GBC dont j'ai oublié le nom emmène sa copine faire le signe du crocodile à double écaille à leur endroit habituel (disent-ils.) Au passage, ils manquent d'emplâtrer une camionnette surgie de nulle part. laquelle abrite un chauffeur avec une très, TRES sale gueule et un regard de dément, qui porte un T-shirt : Bonjour, on n'a encore tué personne, mais ça va pas tarder et je suis suspect d'office". Donc, à l'endroit habituel qui est un terrain de golf (et post coïtum, soupçonne-t-on, ce qui réduit encore plus leurs chances de survie), nos ados se font subitement doucher par le système d'arrosage (Rires quasiment hystériques dans la salle... Heu, pas vraiment.). or le GSB a oublié son pantalon. Et là, Dieu m'expose, il ose ! Il ose dire "Je reviens !!!!!!!!!!" La phrase qu'on croyait rayée des futures éditions du CISB ! A partir de là, son destin est scellé, pas de doutes...

Donc, pendant que la bougresse attends, le GBS passe plusieurs minutes insoutenables (d'ennui, vu qu'on n'a pas la moindre sympathie pour lui et se fiche de ce qui arrive) à prendre la tête du monsieur qui a entendu un bruit bizarre. Jusqu'à ce que, tah-dah, une silhouette émerge...

Là, il faut dire que le tueur, avec une sorte de cape/ciré à capuche luisant, filmé dans l'ombre, est inquiétant à souhait. il évcoue certes le meurtrier de "Souviens-toi, l'été dernier", mais bon, le nombre de tenues disponibles au magasin de costumes pour amateur de vivisections prépubères est assez limité, et vous ne voulez tout de même pas qu'il se déguise en Bisounours ? Par contre, sous sa capuche, on entrevoit un visage cadavérique qui attire l'attention. Est-ce la mort incarnée, comme dans "Destination Finale" ? mais pourtant, elle a des mains (gantées) bien humaines et porte des grosses bottes. Je ne suis pas sûr que ce soit dans le canon... Et ce n'est pas une faux qu'il/elle utilise pour Chiche-Kébabiser notre GBC, mais un sabre. Plus un couteau de chasse, histoire de rentabiliser. La bougresse s'impatiente, va chercher notre torchenave et, comme on est plus à un cliché près, reçoit du sang sur la figure, provenant du cou tranché du GBC. Bon.

Hé oui, mes amis, c'est le moment d'exposition des acteurs égarés ! A savoir Meat Loaf ‹ qui va bientôt se surnommer Slim-Fast, parce qu'il semble avoir perdu au moins 40 kilos ‹ jouant Sparky, l'inspecteur chargé de l'enquête. Et on reconnaît Zelda Rubinstein, la voyante de "Poltergeist", jouant une légiste sans nom, même au générique. Elle explique ce qu'on a déjà vu, c'est à dire que l'assassin a utilisé deux lames, puis qu'il avait une force hors du commun. par contre, le cadrage tente de donner au moindre de ses mots le poids de la fatalité, un peu comme la soeur inquiétante des "Rivières Pourpres". Sauf que ses paroles annônées sans conviction n'ont rien de bien angoissantes, ils auraient pu se fouler un peu. M'enfin.

Bon, donc, tout le monde regrette la mort de leur pote (En donnant une soirée autour d'une piscine, ce qui est une drôle de façon de prouver son deuil...) pendant que Cody continue ses "Je l'aurai ! Un jour, je l'aurai !" Mais Brett n'a pas pu résister à l'envie de se servir du fétiche, ce qui fait que Samantha tombe aussitôt amoureux de lui. Elle l'invite chez elle en l'absence de ses parents, et il a droit à une longue séquence de strip-tease. Alors là, je ne sais combien de temps l'actrice a répété, parce que la scène est parfaite, à transformer n'importe quel individu blasé en loup de Tex Avery, et qui plus est, étonnamment bien filmé, érotique ‹ doux : la donzelle garde ses dessous ‹ sans être vulgaire. Tout individu, sauf le principal bénéficiaire, devrais-je dire, qui prend un air paniqué/constipé faisant considérablement diminuer son capital de sympathie. Au fond, ce n'est qu'un benêt ! Ce qui ne l'empêche pas de se vanter de ses exploits le lendemain auprès de notre RTAC.

Au passage, Sparky interroge notre goth-sale-gueule du début (Comme il ne me semble pas avoir de noom, ce sera le GSG), dont je vous avais bien dit qu'il finirait suspect, mais rien ne peut être retenu contre lui. Pan ! A dégager.

Au passage, dans une des nombreuses scènes hilarantes (?) du film, Tony s'empare du totem. Il se rend près d'un bar mal famé et demande à devenir un champion de kung-fu ou quelque chose comme ça. Evidemment, il ne tient pas longtemps dans le bar avant de se faire mettre la tête au carré...

Cette même nuit, quelle ombre inquiétante s'approche de Tony, armée d'un couteau ? Oui ! penses-t-on. On va enfin en être débarassés ! Ben non. c'est Brett qui a voulu se venger du vol du totem. Ben voyons, entre potes, on se fait mourir de peur pour passer le temps...

En même temps, ou avant, ou après, je me paume dans la chronologie, un autre des GBC se retrouve isolé dans les vestiaires, ce qui est toujours un mauvais plan dans ces cas là, ça lui apprendra à ne pas avoir étudié le CISB. Il se fait assommer... Puis se réveille dans le terrain de golf (je crois)... enterré jusqu'au cou ! La silhouette du tueur apparaît... Puis une boule de bowling fonce vers le GBC. Oui, la mort fait du bowling ! Donc, si on voulait laisser planer le doute sur l'origine surnaturelle du tueur, là, c'est un peu capillotracté... D'autant qu'elle rate le premier coup. Ce n'est qu'au second que... Strike ! Comme le dit la légiste en tentant toujours de paraître inquiétante au policier. Zelda Rubinstein a dû tourner ses deux scènes en deux ou trois heures maximum...

Vous aviez oublié le chauffeur de la camionnette que la première victime a failli emboutir, la seconde sale gueule de service ? Oui ? Ben pas le scénariste, car v'la-t-y pas qu'il s'accuse des meurtres. Ce qui permet à l'acteur de faire un numéro de cabotinage que Brad Dourif lui envierait. Il prouve qu'il a la force nécessaire en cassant la figure à un inspecteur et, surtout, dit savoir où se trouve la boule de bowling du meurtre. Et en effet, elle se trouve bien dans l'étang indiqué hors champ. Sparky croit tenir son coupable... jusqu'à ce que quelqu'un lui propose de vérifier la taille des doigts du suspect. Manque de bol, ils sont trop gros pour pouvoir entrer dans les trous prévus à cet effet. exit le suspect.

Alors là, je veux bien avoir affaire au flic le plus incompétent de l'histoire du cinéma (Le plus beau est qu'il dira au commissaire "Je suis à deux doigts de la vérité" alors qu'il n'a pas la queue d'un commencement d'un indice...), mais on est en droit de se poser des questions. Pourquoi ce type s'est-il accusé ? Parce qu'il est cinglé et a une sale gueule, apparemment ; mais comment savait-il où était la boule ? Et s'il a vu le tueur la jeter dans l'étang, pourquoi ne pas lui faire cracher un signalement ? Coupes sombres ou Grandes Jorasses scénaristiques, là, tout de même, on décroche un brin...

Une autre étudiante se fait tuer à son tour... pendue à un réverbère. Si. en pleine rue déserte. Il faut au moins reconnaître au scénariste le fait de s'être cassé la nénette pour trouver des façons originales de limiter la surpopulation estudiantine... Même si on se demande un peu pourquoi le tueur prend toute cette peine. Le couteau, c'est plus salissant, mais tout de même plus pratique. M'enfin : vous vous souvenez du GSG ? Eh bien, pour une raison foireuse (délit de sale gueule ?), Sparky décide qu'il est coupable et l'embastille. Youpi, tout le monde est content.

Pour fêter ça, Brett et Samantha se rendent dans une maison isolée surgie d'une pochette-surprise scénaristique dans l'évidente intention de se livrer à des activités gymnasticatoire consécutives à l'observation des papillons. C'est là que Cody, qu'on commençait à oublier, décide qu'il en est trop et qu'il va faire passer un sale quart d'heure à Brett. Il se rend donc à la maison accompagnés de trois GBC. Bon, comme vous vous en doutez, leur espérance de vie est remarquablement limitée...

Après un brin de GBC fu et courses-poursuites, c'est la confrontation finale. Le tueur parle alors avec une voix déformée par un gadget à la "Scream". De qui s'agit-il, puisqu'on a établi qu'il s'agissait bien d'un assassin tout ordinaire ? Tah-dah... Eh bien nul autre que le brave professeur Turner ! Lequel, visiblement un peu dérangé, a épuisé le capital du totem pour se débarrasser de sa femme, devenir riche, puis se doter d'une force surhumaine afin de mener à bien sa mission : éradiquer les plus nuls de ses élèves. Heureusement, il s'est contenté d'une liste restreinte, parce que sinon, il aurait du boulot jusqu'à la Saint Glinglin... C'est lui qui a envoyé le totem à Brett, son préféré ; or il est très déçu qu'il s'en soit servi uniquement pour qu'une cagole lui tombe dans les bras (Au moins, quelqu'un s'est fait cette réflexion qui, Dieu m'ajuste, me tarabuste depuis "The Craft"...). Bon, au moins, il y a un semblant de logique dans cette histoire, presque aussi capillotractée que l'indétrônable "Souviens-toi l'été dernier 2" (Hors concours au prix du scénario le plus invraisemblable de l'histoire du cinéma), l'acteur jouant Turner arrive presque à nous faire y croire. N'oublions pas qu'il a massacré trois GBC innocents (? en tout cas pas sur sa liste), mais bon, on sait que ces psycho ne font jamais dans le détail...

Intervient Samantha au moment psychologique, le prof l'ayant mise en fin de sa liste. Mais n'oubliez pas le totem ! Brett réussit à le prendre et lui faire exaucer son voeu...

Etre plus fort et plus rapide que le professeur afin de pouvoir lui faire une grosse tête.

*SOUPIR*

Il ne pouvait pas simplement demander qu'il disparaisse, tout simplement, se transforme en chihuahua, en Schtroumpf ou en bouton de porte ? Voire qu'il tombe en enfer, pour le côté spectaculaire ? Et au passage, Brett ne pouvait pas revenir au début pour ressusciter ses potes (Ah, non, ce fut déjà fait dans "Wishmaster"). En tout cas, bien qu'il soit établi que Brett soit une tête, là, il manque un brin de présence d'esprit.

Bon, là, c'est la classique bagarre qui se termine dehors, ce qui offre un passage nanaresquement correct : du nain de jardin fu !!! Le prof est mort, il ne l'est pas, il l'est pour de bon, et plus que quelques minutes de happy-end (Samantha restera amoureuse d'un Brett super-fort, quand au totem, ils ont dû en faire des papillottes), et c'est fini.

Donc : pas mal de sang. Un vivisecteur prépubère déguisé en Mort. Un totem. Un "Je reviens". Du kung fu, du GBS fu, du sabre fu, du bowling fu, du Sale Gueule fu, du nain de jardin fu, du totem fu. Eventuellement regardable avec quelques bières et beaucoup d'indulgence. Effets secondaires : Une métamorphose subite en loup Texaveryesque lors de la scène de strip-tease, ce qui peut faire monter la pression artérielle, et l'envie de prendre une pelle pour boucher les trous du scénar (gare au lumbago !). Souvenez-vous, sans une vigilance éternelle, cela peut arriver chez vous.

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