Les Maîtres de l'Univers

Genre : je vais t'en mettre moi, de l'Univers...

Revue : Pen of Chaos

J'ai par chance feuilleté le programme TV hier : une chaîne nanariquement recommandable passait "Les maîtres de l'Univers", avec un Dolph Lundgren en grande forme et super brushing. On y voyait aussi une Courteney Cox encore jeune et plutôt mignonne, dans un rôle bête à manger du BigMac.

Piochant joyeusement dans tout et n'importe quoi (beaucoup de Star Wars, un minimum de Conan et divers autres films moins recommandables), les Maîtres de l'Univers tisse rapidement une toile de naiseries dans laquelle vont tenter de se dépétrer pendant 106 minutes (quand-même) un géant musclé, un nabot chevelu, un "marine" à moustache, une aventurière en combinaison moulante, un couple de jeunes terriens, une vache, des soldats de l'empire en costume de plastique, une voiture rose, un Skelettor à masque de latex, un flic chauve, un marchand de guitares, une sorcière blanche, un dieu oublié, des mercenaires extraterrestres, une méchante bimbo à cape, des parents défunts et une clé cosmique qui fait de la musique.

Ouf.

J'en ai raté des bouts, mais dans l'ordre, l'histoire donnerait à peu près ceci.

Skelettor veut régner sur Eternia. Il capture la sorcière qui semble faire régner la paix, et prévoit de s'emparer des pouvoirs du dieu oublié (le crâne gris, bouhhh) et devenir maître de ce monde, blablabla. Musclor, le type que le peuple aime bien car il est blond, bronzé et costaud, veut l'en empêcher. S'ensuit une escarmouche à la suite de laquelle il se retrouve projeté sur notre Planète Bleue avec quelques acolytes. Dans l'affaire ils égarent une clé cosmique, un engin pas très grand mais puissant qui permet d'ouvrir des portes pour aller d'une planète à l'autre, et même de voyager dans le temps, enfin, toutes ces sortes de choses.

La clé est récupérée par un couple de jeunes du coin, un jeune pas dégourdi et sa copine, la petite Courteney. Le type pense qu'il s'agit d'un synthétiseur japonais d'un nouveau modèle - il est musicien. Mais Skelettor est fâché, il envoie une troupe de mercenaires/chasseurs de primes à leurs trousses à travers la galaxie, qui tentent de faire la peau à la fille et de retrouver la clé. Forcément, les terriens ne comprennent rien. Musclor vient la sauver au cours d'une scène d'action pourrie, lui explique le bouzin et parvient à retrouver l'engin. Tout en essayant de se débarasser du flic qui leur colle au train, le groupe tente de rentrer sur la planète d'origine, ceci sans compter sur la garce à cape qui débarque d'une porte cosmique avec ses commandos et parvient à s'emparer de la clé grâce à une ruse de sioux, se faisant passer pour la mère défunte de la gamine.

Skelettor lui-même débarque. On castagne encore puis il retourne sur Eternia en emmenant Musclor prisonnier, abandonnant ses amis sur Terre avec une clé cosmique flinguée. Et de dire à ses troupes :

- Laissez-les pourrir, oui... laissez-les pourrir, ha ha haaaaa

Sur Eternia (à vos souhaits) a lieu le grand rituel machin, Skelettor fait fouetter Musclor et utilise son glaive pour catalyser l'énergie de Crâne Gris et s'approprier ses pouvoirs dans une débauche de coloriage jaune sur pellicule. Il devient super fort et des éclairs lui sortent des mains. Mais la troupe restée sur Terre parvient à utiliser la clé cosmique grâce aux talents de musicien du jeune blaireau (elle marche avec des notes...) et les voilà débarquant en pleine cérémonie pour foutre le souk. Musclor fait alors voler quelques gardes et s'empare de son glaive, puis combat Skelettor et le balance dans un grand puit sans fond qui n'est pas sans rappeler celui de l'étoile noire. Le méchant mort, c'est le temps des accolades et des sourires, ne manque plus que l'ami Ricoré. Le flic chauve, finalement bonne pâte, décide de rester sur Eternia et semble intéressé par la sorcière, notre couple de jeunes revient sur Terre et le nabot ramène à la vie les parents défunts de la fille avec lesquels on nous a bassiné pendant tout le film. Les amoureux se tiennent la main dans la lumière matinale et au loin, un chien aboie.

Bref...

Le pauvre spectateur repose sa télécommande et se masse les tempes.

Les acteurs se débattent au sein de cette soupe en essayant sans succès d'avoir l'air convaincus, et l'on tente parfois de nous placer des gags pour faire croire qu'il s'agit d'une comédie. La sauce ne prend pas. Non non, messieurs, il faut assumer !

Dolph, par exemple, a la prestance d'un lamantin lorsqu'il combat à l'aide de son glaive. Il tente de mouliner comme notre Arnie mais doit fermer les yeux quand la lame lui passe à un mètre de la figure. Afin sans doute de ménager son coeur fragile, les scènes de combats sont donc molles, les coups sont retenus, on ahane en donnant de la crosse dans l'armure de plastique, on gémit en heurtant une caisse de contreplaqué, mince faites attention on a qu'un costume c'est pas le moment de le déchirer. Au milieu des bastons, des tas de rayons laser colorés s'entrecroisent mais heureusement seuls ceux des gentils touchent leur cible.

Justement, le film est très inégal sur les costumes (certains ont l'air un poil crédibles, d'autre ressemblent à des tenues de cirque), assez pauvre en décors qui osent parfois ressembler à un palais spatial (j'adore par exemple le monolithe de carton-pâte avec ses runes qui semblent tracées par un enfant de 6 ans), quelques accessoires pas trop mal faits comme la clé cosmique qui s'allume et qui se déploie en tournoyant lorsqu'on presse le bouton rouge.

Skelettor agite sa cape et son sceptre, fait ce qu'il peut pour ressembler à l'Empereur de Star Wars mais le ridicule de son masque l'en empêche. Il fait parfois le malin sur un gros trône volant qui semble avoir englouti une bonne part du budget.

Aucune fille ne se dépoitraille, on ne dit pas de gros mots, on ne saigne pas, on ne prend pas de drogues, on ne fornique pas avec les animaux, on ne consomme pas d'alcool tout au long de cette farce audiovisuelle.

Un nanar, certes, mais pas si comique que ça du fait qu'on s'y souvent ennuie fermement, et notamment des dialogues trop plats - enfin je parle ici de la version française mais la note de 4.3/10 de l'IMDB semble confirmer la tendance. Il lui manque tout de même le tonus d'un YOR pour prétendre figurer dans les bonnes soirées BIS.

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