L'Aventure de Denchu Kozo
Genre : délire cyberpunko-vampirique
Fiche technique
- Denchu Kozo no boken, 1987, Japon. 47 mn. Couleurs.
- Réalisation : Shinya Tsukamoto.
- Interprétation : Kei Fujiwara, Nobu Kanaoka, Tomoro Taguchi et Shinya Tsukamoto.
- En anglais : «The Adventure of Denchu Kozo».
Revue : Marc Madouraud
Curieux OVNI que ce court film, mais ce qualificatif peut être accollé à toutes les créations du délirant Shinya Tsukamoto. Au moins celui-ci, contrairement aux très torturés «Tetsuo» 1 et 2, est relativement compréhensible (enfin, plus ou moins) et peut être brièvement résumé.
A notre époque, Denchu Kozo, jeune garçon, sert de tête de turc à tous les garnements de son âge. Pourquoi ? Il est né avec un poteau électrique dans le dos... Seule sa camarade Momo le défend. Il lui montre d'ailleurs l'étrange «machine à temps» qu'il a trouvée. Mais il est très vite emporté dans un tourbillon temporel, qui le propulse vingt-cinq années dans le futur.
Il est recueilli par une femme d'âge moyen, ancien professeur. Celle-ci lui explique que des vampires dominent maintenant le monde, et tiennent l'humanité survivante en esclavage. Il ont déjà fait éclater une bombe pour faire régner l'obscurité, et en fabriquent une autre pour instaurer les ténèbres perpétuelles. Cette bombe est bio-mécanique, car une belle jeune femme est reliée par des tuyaux à une étrange machinerie. La prof assure au jeune garçon que lui seul peut sauver la situation grâce à son poteau (eh ben, mon poteau !), ce qu'il croit très modérément, étant très pusillanime et complexé de nature.
Une première confrontation se fait entre les vampires, très punks d'apparence, et le tandem de pseudo-justiciers. Le professeur finit par y laisser la vie. Surgit alors un autre homme-poteau électrique, celui-ci adulte, qui assure au garçon qu'un spécimen de leur race naît à chaque fois que l'humanité est en danger et qu'il est l'élu pour cette époque. Prenant confiance en lui, Denchu Kozo fait revenir la lumière grâce à son poteau et les vampires sont vaincus.
Il découvre alors que la prof décédée n'était autre que la Momo de son enfance. Audacieux, il décide de revenir dans le passé pour la sauver !
Bon, je ne garantis pas l'exactitude du résumé, c'est juste ce dont je me souviens du déluge d'images orchestré avec frénésie par Tsukamoto. Indubitablement, «Denchu Kozo no boken» fait mal aux yeux, usant et abusant des courses poursuites saccadées et ultra-rapides qui constituèrent une de ses marques de fabrique dans les deux «Tetsuo». Autres anticipations sur son célèbre diptyque, l'ambiance est résolument cyberpunk et la biomécanique est ici déjà amplement employée, notamment avec cette bombe vampirique qui se nourrit d'un être humain et les curieuses créatures serpentiformes très «Alien» qu'elle engendre.
A mi-chemin entre le film d'auteur quasi-génial et la série Z ultra-fauchée... Le scénario fait preuve d'une grande richesse thématique : voyage temporel, super-héros messianique, vampires, dystopie, anticipation, alliance chair-métal. Que dire des effets spéciaux ? Certains auraient fait rire Georges Méliès par leur amateurisme, d'autres, étrangement efficaces, font froid dans le dos, notamment tous ceux liés à la biotechnologie.
A l'arrivée, un moyen-métrage irritant et fascinant, grotesque et dérangeant à la fois, digne - eu égard à l'évidente pauvreté de son budget - du reste de l'oeuvre de son créateur déjanté.