THUMB WARS - The phantom cuticle
Genre : film de pouces (ben quoi... c'est vrai!)
Fiche technique
- 1999, USA. 29 minutes
- Réalisation : Steve Oedekerk
- Film joué par des pouces
Revue : Sylvie Miller
La première fois que je suis tombée, totalement par hasard en surfant sur le web, sur un très court extrait (à peine une trentaine de secondes) de ce "Thumbwars", j'ai éclaté de rire. Le film venait d'être diffusé sur une chaîne câblée américaine et on en parlait beaucoup sur les listes de discussion internet, ce qui m'a donné envie d'aller farfouiller pour tenter de me le procurer. Malheureusement, il n'était pas disponible à la vente. Il a fallu attendre deux ans pour qu'enfin je puisse mettre la main dessus. Ce qui est chose faite.
Or donc, quel intérêt présente la "chose" ? A priori, aucun, ce qui la rend encore plus tentante. Imaginez une version parodique du Star Wars de Georges Lucas, entièrement joué par... des pouces ! Des pouces que l'on a costumés, sur lesquels on a habilement plaqué (par mixage vidéo) des yeux d'acteurs qui bougent et une bouche qui parle... Cela donne des pouces très expressifs, qui parlent, rient, grimacent, chouinent à l'occasion, pour le plus grand plaisir du spectateur. Bref, une troupe d'acteurs prêts à jouer dans ce remake un peu particulier de La Guerre des Etoiles.
A la lecture de la jaquette, on se doute déjà qu'on ne va pas s'ennuyer. Sur l'affiche, le titre, en gros "Thumb wars" (La guerre des pouces), et le sous-titre "The phantom cuticle" (La cuticule fantôme), sont suivis de la phrase énigmatique "Every hand has a Thumb..." (Chaque main a un pouce). Au dos, un petit résumé de l'histoire (assez délirant) conclue : "Get ready for the first and only all-thumbs space epic" (Préparez-vous à voir le seul et unique space-op entièrement consacré aux pouces).
Lorsque le film démarre, on est saisi par le sérieux de "l'affaire". Un son d'une qualité irréprochable, une musique façon John Williams qui rappelle bigrement la ritournelle originale de l'illustre film ayant servi de modèle, un fond étoilé, et le texte d'accroche caractéristique se met à défiler, à plat. Et là... on se dit que c'est parti ! Je vous laisse juges :
"It is a time of great unrest in the Universe. Using the nail side of the power of the Thumb, the evil Thumbpire has taken a stronghold in the Sacul region of the Egroeg sector. The Thumbellion Resistance Fighters have retreated to a hidden base.
The Thumbpire is constructing a big dangerous weapon thing with enough fire power to blow stuff up.
If the Thumbellion can destroy the big dangerous weapon thing, they will live and the good side of the Thumb will reign. If they don't, there can be no sequels. No sequels mean no merchandising, no fan clubs, no freaky guys at conventions that have way too much free time and no clear desire to date girls.
Victory is imperative !"
(Bon, ceux qui veulent une trad me font signe en privé, je ne vais pas vous mâcher tout le boulot, non plus ! Z'avez qu'à prendre un dico, m'sieurs dames !
Le déroulement du film suit assez fidèlement (mis à part un ou deux retournements de situation assez amusants que je vous dévoilerai un peu plus loin) le scénario du vrai Star Wars. Les plans sont les mêmes, les décors sont superbement imités (en plus simple, mais on ne s'en rend quasiment pas compte), et le rythme de l'action est assez similaire. On se trouve vraiment face à une parodie superbement réalisée.
Les personnages sont assez bien repris, tout en présentant quelques différences assez amusantes... Par exemple, le Luke Skywalker de la version originale devient un "Loke Groundrunner" tête à claques qui passe son temps à chouiner et à faire suer son monde. La Princesse Leia est ici Princess Bunhead, assez ressemblante au personnage original, quoique un brin plus autoritaire. Les robots deviennent Beedoobeep (une sorte de D2R2 qui ne sert à rien, à part faire "Beedoobeep" tout au long du film), et Prissypeo (l'homologue du C6PO original, aussi énervant que l'autre). On laisse d'ailleurs entendre à une ou deux reprises que ces deux robots entretiendraient une liaison que la morale réprouve. Han Solo est ici le mercenaire Han Duet, un poil plus décalé que son modèle, puisqu'il se fait payer en "girly giggles" (ricanements de filles). Son accolyte Crunchaka, surnommé Crunchy ne ressemble absolument pas au Chewbacca original, mais possède un look à hurler de rire. Dark Vador s'appelle ici le Black Helmet Man, et son casque est en fait un dé à coudre noir du plus bel effet. Le dernier personnage de ma liste vaut le détour. Il s'agit de l'homologue d'Obi Wan Kenobi, appelé ici Oobedoob Benubi (à dire avec la bouche en cul de poule), ancien sax ténor reconverti qui portait autrefois sur scène le surnom de Scoobi Doobi avant d'endosser la robe de Jedi. L'arrivée du personnage donne d'ailleurs lieu à un dialogue assez croquignolet :
Loke : Who are you ?
Oobedoob (très digne, l'accent british) : I am Oobeedoob Benubi. I have the silliest name in the Galaxy
. Loke (l'air étonné) : What's your middle name ?
Oobedoob (toujours aussi digne) : Scoobi Doobi.
Loke (prenant un air totalement abruti) : Oobeedoob Scoobi Doobi Benubi ?Essayez donc de prononcer cette dernière réplique à toute allure, et vous m'en direz des nouvelles !!!
Passons sur l'apparition d'un Gabba the Butt, homologue de Jabba le Hutt aussi vrai que nature, et la présence de Master Puppet (Maître Marionnette), une réplique assez stupide de Yoda, sous laquelle on voit toujours traîner le bras du marionnettiste, parce que la devise du personnage est : "Let actions be guided by the hand inside you". Passons également sur les raccourcis dans l'action qui permettent au film d'afficher une durée de 29 minutes seulement.
Si les quelques différences avec le scénario original résident dans l'apparition de certains personnages qui n'auraient pas dû, en toute logique, se trouver dans cet épisode, ou dans des coupes sauvages, certains passages constituent des moments d'anthologie. Par exemple, une des scènes de la bataille finale nous vaut l'un des retournements romanesques les plus hilarants du film. Alors que la Thumbellion a lancé son attaque sur le "dangerous weapon thing" (également en forme de pouce) et que les chasseurs de la Thumbellion prennent à toute allure le couloir au bout duquel se situe le bouton géant "Press for destruction" sur lequel il faut appuyer au passage pour faire exploser le bidule, le Black Helmet Man saute sur le nez du chasseur piloté par Loke Groundrunner. Celui-ci ouvre son cockpit (ben oui, il a le droit, on est dans un remake, d'abord !) et vient se battre avec son ennemi juré, le vilain qui a tué toute sa famille. Durant le combat, le Black Helmet Man lui parle pour tenter de l'affaiblir et de lui faire gagner le "nail side of the Thumb" (le côté de l'ongle du pouce, un côté très obscur, bien sûr) pour qu'ils règnent ensemble sur la Galaxie. Et là, vient la révélation, lorsque le Black Helmet Man avoue : "Loke... Don't you remember ? I am... I am... YOUR MOTHER !" A ce moment, il ouvre sa cape, et dessous, on aperçoit une magnifique robe rose bouffante ! Bien sûr, comme il se doit, Loke l'éjecte et l'envoie voler dans l'espace, reprend les commandes de son vaisseau, bousille le "dangerous weapon thing" et rentre à la base des rebelles pour recevoir les honneurs qui lui sont dus.
La fin retombe sur ses pattes et tout finit bien. Ouf, on a eu peur...
Bref, si vous avez l'occasion de voir cette parodie, n'hésitez pas ! Ruez-vous dessus ! C'est totalement déjanté, hilarant d'un bout à l'autre, et tout spécialement pour des passionnés de SF qui connaissent bien le film Star Wars. Un seul problème : il s'agit d'une version américaine en VO, non traduite, non sous-titrée, uniquement disponible en DVD... A visionner, donc, chez un pote possédant un lecteur (dézoné, de préférence, vu que le disque est zone 1), en présence d'un autre pote, anglophone averti, qui pourra traduire en cas de besoin. Si vous êtes particulièrement apprécié de votre entourage, faites venir un troisième pote qui apportera la boisson, et un quatrième qui fournira la bouffe. Sans oublier le pote qui vous accompagnera en bagnole. Ca peut servir aussi. Si vous êtes un sans ami, réactivez votre carnet d'adresse. Un conseil, cependant : ne montrez pas la jaquette du film avant d'avoir réuni tout le monde et fermé la porte à clé...