Les week-ends de Néron / Toto contre Maciste
Genre : Peplums chelous
Fiche technique 1
- Mio Figlio Nerone, France-Italie, 1956.
- Réalisation : Stefano Vanzina Steno
Fiche technique 2
- Toto contra Macista, Italie, 1962.
- Réalisation : Fernando Cerchio
Revue : Michel Pagel
Les week-ends de Néron
La photographie est de Mario Bava, donc c'est joli. Sinon, on ne peut pas dire qu'il y ait d'histoire à proprement parler dans cette coproduction franco-italienne. Néron (Alberto Sordi), son mentor Sénèque (Vittorio de Sica) et sa maîtresse Poppée (Brigitte Bardot, qui s'exclame à un moment : "Je ne suis pas un animal !" Il faudrait lui rappeler cette phrase de jeunesse…) se retrouvent en villégiature dans la même propriété que la maman de l'empereur, Agrippine (Gloria Swanson). Tout ce petit monde cherche à s'assassiner mutuellement, et ça se termine par l'incendie de Rome… mais c'est traité comme une comédie de boulevard. De Sunset Boulevard, même, compte tenu de la présence de Swanson qui n'a jamais autant eu l'air d'une star hollywoodienne sur le retour — mais qui fait son boulot en grande pro. Sinon, Sordi et de Sica en font des tonnes, chacun dans son registre, et Bardot se contente d'être belle, de prendre tour à tour ses trois expressions (furieuse/boudeuse/enjôleuse) et de dire son texte au bon moment, comme d'habitude. A ma grande surprise, j'ai trouvé ça plutôt drôle. L'humour n'est pas fin, mais il est efficace. Pas très ambitieux mais tout à fait à la hauteur de ses ambitions, sauf la fin carrément bâclée.
À faire suivre, donc, de :
Toto contre Maciste
Rien que le fait que quelqu'un ait un jour pensé à tourner ça prouve que les Italiens sont fous. Tant mieux pour nous. Or donc, Maciste, qui est pour cette fois défenseur du pharaon d'Egypte, dont il aime la fille Néfertiti, Maciste, donc, se voit refiler un filtre de méchanceté (sic) par la pharaonne qui convoite le trône de son époux en collaboration avec le premier ministre/grand vizir local. Du coup, il prend la colère et il part s'allier aux Assyriens pour envahir l'Egypte. En quoi exactement le fait que l'Assyrie envahisse l'Egypte permettra-t-il à la pharaonne et à son amant de prendre le pouvoir n'est jamais expliqué clairement, mais basta.
Dans le même temps, arrivent à Thèbes Totokamen et son acolyte bonimenteur, comédiens ambulants présentant un spectacle dans lequel Totokamen (joué par Toto, à la surprise générale) se fait passer pour l'invincible fils d'Amon, doué d'une force herculéenne. Je sais pas si vous avez déjà vu Toto, mais c'est plutôt le modèle Woody Allen, voyez. Alors, naturellement, comme le spectacle est convaincant, voilà notre cabot engagé pour commander l'armée égyptienne et vaincre Maciste. A partir de là, le film décline une seule idée sur tous les tons : comment Toto va-t-il s'y prendre pour ne pas affronter Maciste sans dévoiler qu'il n'est pas fils de Dieu ?
Autant vous le dire tout de suite, il n'y parvient pas : à la fin, les deux héros se battent et… c'est Toto qui gagne, grâce à une suite de coups de pot comme on n'en voit que dans les comédies.
Si l'esprit est cousin, la réalisation de ce film est très différente de celle du précédent. Ici, nous avons des décors, une ligne directrice, des acteurs et des figurants de péplum parfaitement honorable. Si Toto, son acolyte, et la montagne de muscles de service qui joue Maciste (Samson Burk) s'en donnent à coeur joie dans le registre comique, tous les autres conservent un premier degré impérial, comme s'ils jouaient dans Les Dix Commandements. Il en résulte un plaisant effet de décalage qui confine à la parodie. Le dénommé Samson Burk, d'ailleurs, est probablement le Maciste le plus stupide de l'histoire d'un rôle pourtant fertile en tronches d'abrutis, mais il a une excuse : il le fait exprès. "Qu'on me demande de soulever une montagne, mais qu'on ne me demande pas de penser ! Je n'ai pas l'habitude !" vocifère-t-il à un moment. Bref, dans l'ensemble, je me suis bien marré aussi, ce qui me permet de vous recommander chaudement ces deux petites séries B pas si nanaresques que ça pour les soirées de déprime.