La couleur de la BD Naheulbeuk

Les deux premiers tomes de la BD ont été colorisés par Lorien.

Le tome 3 (et sans doute la suite de la saison 2) est colorisé par Sylvie Sabater.

La couleur est importante, elle permet de voyager à travers les ambiances par le biais de choix thématiques de couleurs.

Le mot de la coloriste

Naheul… quoi ? J'aime les donjons, mais celui là, je ne l'avais jamais visité.
Donc : Naheul…beuk. Ça fait un peu "beurk" ça, non ?
Ben si, justement, et c'est ça qui fait son charme.

Parce qu'au début, moi je leur avais collé partout des jolies couleurs bien proprettes.
Ah oui, j'ai oublié de préciser : moi, c'est Sylvie, la coloriste.
Et alors là, Marion m'a dit "Eeeh… plus cracra s'te plait, et rajoute du sang".

Effectivement, découvrant le scénario de Maître POC au fur et à mesure, je me suis vite rendue compte qu'on est ici fort loin des armures rutilantes passées au polish juste avant la prise de vue et des elfes éthérés au langage ampoulé.
Les 2 pieds dans le réalisme quoi ! Celui de quand on était petits et que c'était super cool de splatcher dans les flaques de boue (pardon : de bouillasse) avec un doigt dans la narine.

Jubilatoire.

En même temps, ouh là, gaffe, pas se planter hein ! On déconne, mais on le fait sérieusement. J'ai rejoint la "Naheul-team" en cours de route (intégration facilitée par l'accueil chaleureux de Pierre, Marion et John). Il ne s'agissait donc pas de créer les couleurs des personnages, avec étapes de recherches jusqu'à satisfaction générale, mais de reprendre des couleurs déjà existantes qui on déjà eu l'approbation de l'équipe et… des lecteurs.

Le truc à trouver, c'était donc de "rentrer" dans la série, dans la continuité des éléments pré-existants, sans casser ce qui avait déjà été (bien) fait, tout en apportant néanmoins ma sauce perso.

Le miracle informatique se manifestant une fois encore (eh oui, au risque de décevoir ceux qui imagineraient la coloriste avec des tubes de peinture plein la table et une palette dégoulinante casée derrière l'oreille… ben non, c'est du pur Mac Intosh !),bref, après 2 - 3 rounds de mise au point, ça y était, j'étais sur mes rails. D'autant que pour chaque planche Marion me passe un petit brief détaillé qui précise ses intentions : les composantes de la scène pas fatalement visibles sur le dessin en noir et blanc (là, c'est le lever du jour, ou bien : il fait moche : ciel gris), comme les points sur lesquels insister (BEAUCOUP de sang)*.

Et le soir, je travaille en écoutant les épisodes, ça donne bien la tonalité (le soir seulement, parce que pas question que mon gamin enrichisse son vocabulaire de façon trop précoce !).

Et dès que j'ai ma planche en couleur, hop, envoi par Internet à Pierre, Marion et John. Collecte des réactions, ajustements si besoin (encore plus de sang ?!), et re-hop, re-Internet pour validation. Globalement, ça va assez vite, parce que tout le monde surfe la même vague, donc ça nous épargne à tous les "et en bleu ? Je pourrais voir en bleu ?" "Oui, mais alors bleu-tirant-sur-le-vert" "ah ben alors peut-être qu'un petit mauve printemps… ?" Nan. Il y a une vraie cohésion, et c'est là une des clés d'un album réussi !

A bientôt pour la suite !

Sylvie Sabater

* A plusieurs reprises dans le tome 3, Marion m'a demandé de rajouter du sang. A la fin, il y en a partout, c'est tragique.
Si vous la rencontrez en dédicace, connaissant maintenant cette étrange fascination pour l'hémoglobine, moi à votre place… j'me méfierais !
Bisous, Marion ;o)

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