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Gerardmer 2001 - Par Benoit Cousin

Le 8e Festival Fantastic'Arts de Gerardmer s'est acheve dimanche soir, et je suis rentre malade (une bonne vieille creve des familles) et mort de fatigue. Apres avoir fait semblant de bosser quelques jours a l'agonie (oui, bon, j'en fais un peu trop...), je trouve donc enfin quelques minutes pour vous faire le bilan des 19 films (!) que j'y ai vu.

Alors voila :

The Exorcist, Director's Cut (USA - film d'ouverture) : Je suis partage quant aux ajouts. La fameuse scene de "spider-Regan" dans l'escalier est enfin la, mais le reste me semble osciller entre le trop explicite (mais beau : les inserts subliminaux supplementaires) et le carrement inutile (la scene finale a rallonge). Reste que cette nouvelle mouture d'un classique du genre (qui a mon avis ne fait plus peur du tout, hormis ses quelques scenes chocs) est encore plus fidele au roman que la premiere. Et comme il est de notoriete publique qu'a l'epoque, Blatty (romancier-scenariste-producteur) et Friedkin se sont joyeusement frites sur le montage final du film, doit-on voir dans cette nouvelle version la victoire a posteriori de Blatty ?

7 days to live (All.) : film de maison hantee ultra-classique, tourne en anglais avec Amanda Plummer. Grosso merdo, Shining meets Simetierre meets Calme Blanc. On est a peine sorti de la salle qu'on a deja oublie, meme si ça se regarde sans ennui.

Memento Nori (Coree) : Virgin Suicides meets Carrie, avec de l'homosexualite en plus, et un argument fantastique tres mince. Passablement chiant mais interessant quand meme, meme si le fantastique n'interesse manifestement pas le realisateur.

Chasing Sleep (USA) : un irreductible insomniaque part a la recherche de sa femme disparue... et va decouvrir que l'univers parallele dans lequel il vit, a cause de son manque de sommeil - mais dont il n'est pas pleinement conscient -, l'a peut-etre pousse a faire des choses pas bien. Honnete, mais un leger sentiment de deja vu (L'echelle de Jacob). Jeff Daniels tres bien, comme toujours. Prix du Jury.

Flashback (All.) : un neo-slasher post-williansonnien teuton plutot reussi. Pas original pour deux sous mais efficace, drole, fonctionnant sur un principe scenaristique de reminiscence a la Argento (on voit une scene au debut, elle revient frequemment au long du film, et on decouvre a la fin que l'on a pas bien vu ce qu'il fallait voir) et se situant dans des decors de forets suisse-allemands evoquant fortement le - tres beau - Phenomena du meme Dario. Sympathique.

Ginger Snaps (Canada) : Une teenager goth se fait mordre un soir de pleine lune. Un film de loup-garou assez interessant, meme s'il ne doit a mon avis son existence qu'a son caractere post-Buffy (certes, y'a eu - entre autres - Teen Wolf au debut des eighties, mais bon...). Le traitement est neanmoins assez adulte, intelligent, le fantastique est parfaitement assume et metaphoriquement - meme si sans grande originalite - tres bien exploite. En plus, de l'humour noir & gore bien croustillant bienvenu. LE film en compet' qui aurait merite le Grand Prix.

Audition (Japon) : un veuf eplore decide de se remarier mais veut trouver la femme parfaite. De meche avec un copain producteur de cine, il fait passer un casting a des nanas (lui cherche sa future, son copain un role a pourvoir). Et il va tomber amoureux de la femme qui faut pas. Annonce comme comportant vingt minutes finales absolument insoutenables "meme pour les plus endurcis" (sic) ; au bout du compte, comme d'hab avec ce type d'effet d'annonce, on a vu pire (le mec se fait juste acuponcturer sauvagement le ventre et le visage, puis amputer d'un pied au fil a beurre - son second pied se faisant juste entame de la meme maniere). Un film pas mal, qui propose une metaphore limpide et reellement terrifiante de la societe japonaise deshumanisee d'aujourd'hui, mais qui n'a absolument rien de fantastique.

Thomas est amoureux (F-Bel.) : un agoraphobe, cloitre chez lui depuis 8 ans sans contacts et qui ne communique que par ecrans, est inscrit par son psy a un club de rencontres. Entierement filme en camera subjective, un joli film sympa qui fonctionne a mon avis plus sur une idee de court-metrage que de long (en français dans le texte, au bout d'un moment on se lasse et on s'ennuie). Grand Prix.

Cherry Falls (USA) : un neo-slasher post-williansonnien rate. Une fausse - et unique - bonne idee (le tueur ne s'en prend qu'aux chastes), car le grand evenement attendu (du sexe a donf' et a tous les etages, pour survivre) est super mal traite, et le reste est a l'avenant. Et comme on devine d'entree qui est le coupable (meme le moins client des slashers le comprendrait tout de suite) et que le film est frileux en gore (et en sexe, donc), on oublie. Sans interet, si ce n'est une vanne (parmi diverses intraduisibles en français, a commencer par le titre) : "la prochaine fois, j'espere que le tueur s'en prendra aux nanas qui ne font pas de pipes !".

La trilogie Ring (Ring, Ring 2, Ring 0) (Japon) : LE grand evenement du festival : une cassette video maudite provoque la mort de ceux qui la regardent. A mi-chemin entre histoire de fantomes et legende urbaine (et belle metaphore sur le pouvoir des images et du cinema), trois films de trouille sobres, subtils, creant une ambiance envoutante sans gore ni aucun effets spectaculaires. Dionnet, qui presentait la soiree, a promis au public que ces films allaient lui faire peur, pour la nuit et pour toutes celles a venir, et C'ETAIT VRAI. Meme pour des fans chevronnes comme mes potes et moi, ça a ete la ultimate mega-petoche (j'ai eu la chair de poule plus d'une fois pendnat ces trois films). Genial et a voir d'urgence des que ça passe en salles (j'espere pour vous). Pour etre franc, le 2 esr un peu moins bon - dans son scenar' - mais reserve quand meme quelques belles frayeurs.

The Gift (USA) : tres attendu aussi, le nouveau Sam Raimi. Un film qui tient bcp plus du polar que du fantastique, et encore... ce qui interesse reellement Raimi, c'est la description d'une petite ville triste dont les habitants ne communiquent pas, sauf par des moyens assez artificiels (la voyante qui fait du lien social). L'intrigue policiere est sans surprise, le fantastique leger - mais fondamental -, et le film reussi. Mention speciale a Cate Blanchett, parfaite (vivement Galadriel !). Peut-etre un peu trop hollywoodien malgre tout.

Terror Tract (USA) : un film a sketches tres Contes de la crypte. Trois histoires ultra-classiques, et une chute liante marrante et noire. Vite vu, vite oublie.

Les morsures de l'aube (F) : la premiere tentative filmique de De Caunes. Un film tres leche esthetiquement, mais pas bien passionnant. Les dialogues souffrent du syndrome "Le Poulpe" (chaque ligne de texte doit etre un bon mot, ce qui est particulierement crispant, paske y'en a que un ou deux qui font vraiment mouche), l'intrigue est un peu creuse et incoherente et, ce qui acheve d'entree le film, c'est que le premier qualificatif qui vient a l'esprit, c'est que c'est un film "français" : en plus des critiques precedentes, les effets speciaux sont pourris (un raccord hyper mal fait, une scene de reve avec des fonds bleus execrables... ; le seul effet reussi arrive comme un cheveu sur la soupe et fonctionne pas non plus). En plus, ce n'est pas du tout un film fantastique (malgre un pseudo-doute que le film est sense laisser peser sur certains persos). Seul reel interet : Asia Argento, craquante et tenebreuse.

The Convent (USA - nuit trash) : un film bis, limite Z, avec des bonnes sœurs demons fluos. Frenetique, agreblement gore, tres drole et tres con, un "mad movie" delirant et jouissif qui gicle. Recommande, meme si je souhaite bien du courage au distributeur qui a pris le pari de le sortir en salles dans quelques semaines. A noter deux personnages geniaux : un flic hysterique et stupide (Coolio !!), et un teenager effemine qui se prend pour un grand pretre satanique a la petite semaine, et qui ressemble furieusement a une version tarlouze de Dani Filth de Cradle of Filth.

The Irrefutable Truth About Demons (NZ - nuit trash) : un bon film gore avec une bonne histoire (meme si assez classique), mais sans plus. Quelques incoherences de scenar malgre tout.

Versus (Japon - nuit trash) : un film de kung fu/gunfight/zombies qui charcle, qui viande et qui dure deux heures. On y sent la fraicheur juvenile des premiers Raimi et Jackson, et c'est ultra-gore et assez con, donc eminemment recommandable. LE supreme film jouissif et jubilatoire du festival. Pourvu qu'on le revoie en France !

Tales of the Unusual (Japon) : un film a sketches assez reussi, qui propose un bel aperçu (visuellement et en termes d'idees scenaristiques) des differentes facettes du fantastique. Tres bien.

Bruiser (USA - film de cloture) : le dernier Romero. Pas vu, parce qu'on etait creve et qu'on en avait ras-le-bol. La rumeur veut qu'il soit "honteux" (sic), pour le genre et pour George A..

Voila... Au final, un festival un peu decevant : pas vraiment de films ou de reels chefs d'œuvre qui s'imposent (a part la trilogie Ring), peu d'originalite du cote des anglo-saxons (et des occidentaux en general), et comme pour le cinema mainstream en ce moment, c'est du cote de l'Asie qu'il fallait regarder pour voir les meilleurs films, ou du moins les plus interessants. Rendez-vous next year pour de nouvelles aventures, donc...

Benoit Cousin

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